mercredi, juillet 07, 2010

Patrick Artus: économiste: Comment éviter l’étouffement de la zone euro par la dette (publique et privée) : une proposition non-orthodoxe de Patrick Artus ...

Nicolas Sarkozy a raison; il faut s'occuper de choses plus importantes. Sortir de la crise est ce qui doit mobiliser toutes nos énergies et nos esprits. Voici des éléments de réflexion par Patrick Artus, conseiller économique de Natixis.
L’économie de la zone euro risque d’être étouffée par l’endettement (public et privé) en raison de la faiblesse de sa croissance nominale à long terme. Pour éviter cette situation d’étouffement par la dette, on peut imaginer le plan (désespéré) suivant :
- accroître de manière autoritaire les salaires de 20 % dans tous les pays de la zone euro ;
- donner à la BCE la consigne de ne pas réagir à l’inflation mais de laisser déprécier l’€ de 20 % pour compenser. Lire...
Et pour en savoir plus, voir les nombreux flash Économie de Natixis. Cliquer.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, la vieile technique de l'inflation pour effacer la dette. Il n'est pas besoin d'être économiste a Natexis (dont la gestion est plutot minable d'ailleurs) pour sortir un truc pareil. C'est du vol pur et simple des épargnants au profit des j'menfoutistes. Et pour ceux que cette vue de l'esprit séduirait, qu'ils sachent bien que sous un délai maximum de 6 mois, ce serait reparti. Les rêveurs des 30 glorieuses devraient se réveiller : c'est fini de pouvoir rembourser en boutons de culottes avec des salaires qui grimpent indéfniment. Si les salaires sont trop élevés, il n'y en a plus tout simplement. Sauf, et pendant, une courte période, pour les fonctionnaires de tous poils et autres salariés payés par les impots (tant qu'il y en a) Ensuite, comme dans les pays de l'est, les profs feront chauffeurs de taxi ou terrassiers; Après tout, ça leur permettra peut être de baisser leur morgue d'un cran.

pratclif a dit…

L'étude de Patrick Artus mérite plus qu'une lecture rapide. Patrick Artus est un économiste de grande notoriété, professeur à l'école polytechnique et membre du Conseil d'analyse économique CAE auprès du premier ministre, présidé par Christian de Boissieu. Il est l'auteur de nombreux livres. Conseiller économique de Natixis, il n'est pas Natixis. Cela dit, la solution de sortie de crise qu'il évoque n'a aucune chance d'être acceptée, par les 15 pays de l'Eurozone, non à cause de l'inflation mais parce qu'il faut le consensus des 15 et que chacun joue la sortie de crise pour soi. Le PS a proposé au début une relance par la consommation, proposition écartée à l'époque car cela aurait augmenté massivement les importations en raison du mode de consommation des français et aggravé la crise. Dans cette étude ce qui est évoqué est très différent. 20% de hausse des revenus, mais accompagné par une dépréciation de l'€ de 20% - ce que la BCE ne peut pas faire dans ses statuts - La dépréciation de l'€ augmente les prix des importations et diminue les prix des exportations. La lecture de l'étude et de ses nombreux graphiques contribue à l'amélioration des connaissances économiques. Il faut aussi lire l'étude "Une situation assez dangereuse : l'excès d'épargne des entreprises" (lien)

Anonyme a dit…

Il n'en reste pas moins que vouloir purger une situation par l'inflation est très dangereux. C'est comme la guerre : on sait quand on la commence on ne sait pas quand on la fini. Une forte inflation qui spolie les "fourmis" et enchante les "cigales" est pratiquement non maitrisable et peux conduire à une situation comme celle qu'a connue l'Allemagne avant guerre... avec les conséquences que l'on connait. La réalité est que l'on confond une situation que l'on appelle "crise" avec" une réalité qui est que la dite crise n'est en fait que la conséquence d'une vérité cachée trop longtemps pour ne pas affoler le monde : nous sommes entrés depuis plusieurs années dans une période de mutation a laquelle nous nous refusons de nous adapter réellement, tant les mesures devraient etre dures. On peut augmenter arbitrairement tous les salaires de 50% si l'on veut, mais de combien les prix, eux, monteront? Meme si ce n'est pas réalisable dans l'Europe actuelle, une dévaluation forcée de 20 ou 30 % redonnerait du souffle mais en meme temps un paquet de sacrifices. Si vous affichez 2 euros le litre de super à la pompe, faudra t il verser des primes compensatoires aux très faibles revenus? On tourne en rond. Il ne reste que le serrage de ceinture, mais ça, c'est une autre histoire.

pratclif a dit…

Je reprends notre échange à propos de l'inflation. En reprenant les cours de macroéconomie sur le déficit et la dette, je retrouve que le rapport dette/PIB soutenable est fonction du déficit annuel, de la croissance du PIB, de la main d'œuvre et de l'inflation; la formule est:

dette/PIB = déficit annuel divisé par croissance du PIB + croissance de la MO + inflation

Tous ces paramètres sont estimés sur longue période (5-10 ans. C'est comme cela qu'ont été établis les critères de Maastricht cad. 3% de déficit, 60% dette/PIB et 1% d'inflation. Prenez 1% de croissance de la MO et 2.5% de croissance du PIB vous obtiendrez dette/PIB=66%.

Sur le plan du sens commun, on peut garder un ratio d'endettement constant en fonction de ses revenus et de l'inflation. L'inflation diminue la charge de la dette; et conjugué à la croissance du PIB c'est à dire des revenus, plus on a d'inflation, plus la charge de la dette diminue. On a connue cela dans les années 1975-1985.

Cela étant, si l'État laisse courrir l'inflation, il favorise les contribuables, et lui-même, mais il défavorise les prêteurs. C'est pourquoi la proposition de Patrick Artus de doubler les salaires et de déprécier l'€ dans la même proportion ne peut pas se faire.

Par ailleurs quand le ratio dette/PIB dépasse le ratio soutenable, comme c'est le cas depuis les aides massives des États pour traiter la crise, les investisseurs hésitent à prêter cad. acheter de la dette souveraine. Ils craignent la possibilité de défaut de paiement par choix politique ou les effets de l'inflation, ce qu'ils apprécient sous la forme de risques accrus et donc de demande de hausse du taux d'intérêt. C'est bien ce qu'on observe aujourd'hui.

pratclif a dit…

PS: la formule se calcule par un raisonnement mathématique; on considère que pour être soutenable, la croissance de la dette ne doit pas être supérieure à celle de la production en valeur réelle...

Anonyme a dit…

Merci pour ce petit cours de macro-économie. Je souhaiterais naturellement pouvoir croire que les choses vont s'arranger par un coup de baguette magique. Attendez seulement que les prèteurs deviennent réticents comme avec les grecs. Je ne crois pas que cette fois l'Allemagne se laissera baratiner pour passer à la caisse à notre profit, d'autant que Merckel est en train de se faire tailler des croupières pour ce qui est considéré comme une sorte de laxisme prétendument arraché par Sarko. Mais il est vrai qu'en spoliant l'épargne, on peut faire illusion quelques temps.Dans ce cas, il ne faut le faire qu'au niveau national, avec les vertueux-gogoles du pays. Sinon, avec l'étranger qui détient votre dette, gare au retour de baton.

Plus je pédale moins vite, moins j'avance d'avantage!