vendredi, mars 16, 2012

Gaz de schiste dans le Var; la mobilisation est relancée

La mobilisation contre le gaz de schiste est relancée dans le Var. Les collectifs anti-gaz de schiste se réunissent et Var Matin en fait naturellement écho. Cela résulte de craintes relatives à l'attribution d'un permis d'exploration sur la concession dite de Brignoles (cliquer sur l'image); cette concession fait l'objet d'une demande N°1585 par la société Shuepbach energy LLC en date du 1/10/2008 en cours d'instruction et aussi d'un permis de recherche pétrolière en cours (3è prolongation) en méditerranée au large de Toulon. Lire...

10 commentaires:

pratclif a dit…

Voir relation de la réunion de Tourtour du 18 mars par Var Matin

Je ne comprends toujours pas la peur que l'on veut propager! La fracturation hydraulique est interdite en France par LOI n° 2011-835 du 13 juillet 2011, faisant suite à la mobilisation des collectifs "anti". Point final! Les permis de recherche en cours concernent la recherche de pétrole et de gaz conventionnels (*). Il ne s'agit pas de permis d'exploitation mais de permis d'exploration d'une durée de 3 ans susceptibles d'une ou deux prolongations, accordées à la discrétion de l'État selon les perspectives des résultats des recherches .... Et dans le cas où le titulaire d'un permis d'exploration demande un permis d'exploitation - celui-ci n'est accordé qu'après évaluation par l'État, sur la base d'un projet précis assorti de conditions. On en est très loin. De tels projets prennent du temps... typiquement 15-20 ans. Cela signifie comme dit la "juriste", que les sociétés pétrolières ont le temps.... elle comme les participants à ces meetings voudraient-ils qu'on leur interdise à ces sociétés d'exercer leur activité d'entreprises au service de la collectivité, de la production d'énergie et d'emplois? Et en voulant poursuivre les recherches minières sur le sol national et outremer, l'État n'est-il pas dans son rôle? Car l'évolution technique récente a modifié la donne en matière de recherches d'hydrocarbures et l'État veut mettre à jour l'inventaire minier sur ces bases.

Ce n'est parce qu'un colloque a lieu et que Var Matin en donne le reportage, que la vérité absolue est établie. Faire une journée, devant un auditoire visiblement peu nombreux pour donner un avis sur les risques de la technique.... ces "experts" n'ont probablement pas lu le rapport BRGM, IFP-énergies nouvelles, INERIS (lien) qui dit tout cela, de manière objective et scientifique en pointant toujours les incertitudes et la nécessité d'accroître les connaissances pour maîtriser ces risques si le jeu en vaut la chandelle et qu'on veuille aller de l'avant.

(*) Trois permis ont été abrogés dans le sud-est de la France - Nant (détenu par la société Schuepbach),
Villeneuve-de-Berg (Schuepbach) et Montélimar (groupe Total), (lien). La demande de permis dit de Brignoles est en cours d'examen et nous ne savons pas quelle est la position du demandeur... Il faut qu'il s'engage à ne pas utiliser de fracturation hydraulique sinon il n'aura pas le permis demandé! La demande ne restera-t-elle pas sans suite? On continue dans la "fureur" et selon moi l'obscurantisme et le terrosrisme vert qui sévit sur le permis de Brignoles depuis un an (lien)

Jean-Baptiste a dit…

Pierre,
Je vous trouve un peu optimiste sur un sujet aussi grave.
Sans même parler des inévitables dégâts écologiques, extrêmement bien documentés, ce genre d'énergie est un parfait moyen pour ne pas investir l'argent dans les énergies renouvelables, que l'on nous présente comme pas rentables.
Simplement, si tout l'argent qui était investi pour subventionner l'essence ou le nucléaire était investi dans ces énergies renouvelables, elles deviendraient rentables!
Oui la fracturation hydrolique est interdite, sauf que toutes ces compagnies ont trouvé d'autres méthodes avec d'autres noms qui reviennent à peu près au même et leur permettent de contourner la loi.
Au début des années 60, Kennedy a dit "Nous irons sur la lune avant la fin de la décennie". C'était complètement fou. Techniquement impossible à l'époque.
Ils l'ont fait. Parce qu'ils ont été visionnaires. Parce qu'ils ont cru à l'impossible.
Le gaz de schiste, c'est la peur, une énergie fossile, polluante, non renouvelable, qui ne fera que repousser une échéance. Attaquons-nous maintenant aux vrais problèmes.
Quand je vois ce que d'autres grands concepts (développement, etc...) ont fait à la simple vallée de Montauroux/Callian/Fayence, je m'oppose de toutes mes forces à l'exploration par des compagnies aux méthodes de gestion particulièrement opaques de notre patrimoine.

pratclif a dit…

Je pense qu'il faut tenir compte du mix énergétique particulier de chaque pays à un moment donné pour le faire évoluer dans le bon sens; le mix de chaque pays est fonction de son histoire, de ses ressources, de son développement économique et de la structure de son système de production et de consommation. En France nous avons développé le nucléaire au point que 80% de notre électricité en est produite. En Allemagne c'est 22%; au Royaume Uni 20%; en Suisse 5%. Quelles autres sources dans ces pays? Voir le site de l'AIE. (consulter les statistiques par pays ou par sources d'énergie).

L'énergie est un des grands défis des décennies futures; il faut faire évoluer le mix vers plus d'énergies renouvelables - éolien, solaire photovoltaïque et thermique, biomasse, géothermique, hydrolien, plus de mini hydraulique, moins de nucléaire... et des économies d'énergie. Cela n'empêche pas de continuer d'utiliser des combustibles fossiles là où il y en a et/ou d'en chercher pour assurer la transition qui s'impose à nous. Réduire ou supprimer le nucléaire est plus facile en Suisse, en Allemagne, en Suède ou au Royaume-Uni qu'en France.

Je pense aussi qu'il faut voir le mix énergie à l'échelle de l'Europe et l'optimiser à cette échelle. Je recommande de lire la feuille de route de l'énergie vers l'horizon 2050 de la commission européenne (lien).

Voir aussi le site de Jean Marc Jancovici sur l'énergie.

Jean-Baptiste a dit…

Nous sommes donc d'accord sur le fond mais pas sur la méthode.

Puisqu'il y a nécessité d'une énergie de transition (nous sommes d'accord) autant utiliser le nucléaire tant qu'il est là. Pourquoi aller ravager davantage notre environnement en envisageant l'exploitation de gaz de schistes? Une exploitation qui de plus pourra donner un faux sens de sécurité et d'abondance et repousser l'explosion du problème?

Le gaz de schiste, c'est comme le mécanisme de la compensation des émissions de Co2, un pis-aller. Mais contrairement au mécanisme de la compensation, le gaz de schiste est un danger pour l'environnement, la planète et ultimement la santé.

Je suis d'accord avec vous sur un autre point: la révolution passe par un changement de nos habitudes. Et le mieux, c'est que cela pourrait se faire sans retourner au Moyen-Age ou renoncer à notre confort. J'aimerais voir EDF faire payer le kW/h 10 fois plus cher à tous les magasins et bureaux qui laissent vitrines et enseignes allumés la nuit. Je suis sûr que ça les rendrait tout de suite plus écolos...

A lire, le très intéressant scénario Négawatt. Les scientifiques qui sont derrière tout ça ne sont pas doués pour la synthèse mais c'est bien là leur seul défaut.

http://www.negawatt.org/telechargement/SnW11//Scenario_negaWatt_2011-Dossier_de_synthese-v20111017.pdf

La conclusion: vivre sans perte de confort, et avec une empreinte bien moindre sur la planète, c'est tout à fait possible et ce n'est pas difficile. Mais il faut une vision, une volonté politique derrière. Les grosses compagnies qui font du lobbying en coulisse pour exploiter le gaz de schistes ont tout intérêt à ce que cette vision ne se produise jamais, ou le plus tard possible.

pratclif a dit…

@Jean Baptiste
Je commente votre phrase "grosses compagnies qui font du lobbying en coulisse pour exploiter le gaz de schistes". Les entreprises quelles qu'elles soient, n'ont pas pour objet de s'en mettre plein les poches au détriment du "peuple". Les entreprises produisent des biens et des services utiles demandés et consommés par les ménages, les entreprises et les administrations publiques. Sachant que production = consommation, tout ce qui est produit est consommé et inversement. Une entreprise dont la production n'est pas consommée doit réduire sa production ou disparaître. Si je classe les produits en 3 catégories: primaires, intermédiaires et finals, les entreprises minières produisent des biens primaires et parmi celles-ci les pétrolières produisent des hydrocarbures liquides et gazeux. Ces produits sont toujours en forte demande dans toutes nos économies, car ils permettent les transports, le chauffage, et entrent dans la fabrication de multiples produits intermédiaires jusqu'aux produits finals consommés. Ces entreprises emploient des millions de salariés qui à la fois producteurs et consommateurs! Une société minière a un portefeuille de gisements en cours d'exploitation et qui s'épuiseront un jour connu, des projets d'exploitation de remplacement, et des projets de recherche à plus long terme!

Cela dit les entreprises doivent, comme tout le monde, respecter les lois, payer des contributions sociales, des taxes et des impôts, traiter leur personnel selon le code du travail et se comporter en "bons pères de famille" pour pérenniser leur outil de travail. Il appartient au législateur de fixer ou de faire évoluer les règles et de veiller à ce qu'elles soient appliquées.

Je suis avec intérêt le site de NégaWatt ainsi que celui de Global Chance. Le problème de NégaWatt c'est que la population n'est pas prête à des changements radicaux de mode de vie. Je balance entre "retour à un mode de vie plus frugal", pour réduire notre impact écologique, et la dynamique économique de croissance pour poursuivre le modèle de production/consommation, développé depuis la fin de la 2è guerre mondiale, qui s'étend maintenant à l'Asie, au Brésil et demain à l'Afrique! Depuis la survenance de la crise de 2007-2009 qui se poursuit mainenant en Europe, l'accent est mis sur le tryptique croissance/production/emploi. Avant la crise, les préoccupations étaient la surconsommation et l'empreinte écologique des pays les plus riches. Le manifeste d'EELV a bien résumé cela. On y reviendra. Et je suis tout cela dans mon dossier sur le changement climatique et le développement durable (sustainable ou soutenable en anglais est mieux).

Et en écrivant ce commentaire, j'ai découvert ce lien Pas de pitié pour la croissance.

Jean-Baptiste a dit…

Bonjour Pierre,
Rassurez-vous, je ne suis pas anti-entreprises ou anti-capitaliste, je ne suis pas d'extrême-gauche et je ne diabolise pas l'argent. Je suis même plutôt libéral. Mon attaque était ciblée.
Car il serait naïf d'imaginer que certains types d'entreprises ne font pas un lobbying qui est parfois tout à fait contraire à l'intérêt des peuples. En l'occurrence, le lobby pétrolier a tout intérêt à ce que l'on ne transitionne pas vers des énergies propres et fera tout pour l'éviter, tout comme le bobby nucléaire se battra pour préserver son pré carré au détriment d'une vision de long terme.
Je vous donne un exemple précis: il y a encore 20 ou 30 ans, les lobbies de l'amiante publiaient des études affirmant l'innocuité parfaite de leur produit. Ils avaient tout fait pour empêcher le gouvernement d'imposer des études indépendantes. Je ne parle pas non plus des grands fabricants de tabac, un exemple monstrueux de lobbying pour enterrer des études de dangerosité et mentir au public. Donc quand vous dites que les entreprises doivent respecter des lois, bien sûr, mais vous voyez quand même un peu la vie en rose dans la pratique.
Quant à Negawatt, comme indiqué dans mon post précédent, il présente pas mal de mesure qui n'auraient aucun impact sur notre confort en tant que particuliers.
Plutôt que d'attendre que les ressources fossiles s'épuisent (et polluer davantage la planète), c'est maintenant qu'il faut investir dans le futur, dans le renouvelable.
Et même en étant cynique, je dirais que c'est le seul moyen de relancer l'économie mondiale, tout comme la course à l'espace a directement et indirectement tiré la croissance des US dans les années 60.
Nous manquons de capacité à REVER.

Jean-Baptiste a dit…

Un article très intéressant qui aide à comprendre comment fonctionnent les grands pollueurs et lobbyistes dont selon vous, Pierre, il n'y aurait rien à craindre (pour le gaz de schiste). Une mise en perspective historique également intéressante.

http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/03/29/des-chercheurs-touchent-beaucoup-d-argent-pour-attaquer-la-science_1677518_3244.html

pratclif a dit…

Cela n'a rien à voir avec le gaz de schiste! Il s'agit d'une attaque contre les climato-sceptiques. Et sur ce point je vous recommande le site de GWPF Global warming policy foundation. Voyez la liste des participants dont Vincent Courtillot et Richard Lindzen. Et concernant le gaz de schiste cette étude de Matt Ridley qui dit la même chose en plus concret que le rapport BRGM, Ineris, IFP énergies nouvelles.

Depuis la révolution industrielle on est passé du bois, au charbon puis au pétrole et plus récemment au gaz, c'est à dire d'un rapport (en atomes) hydrogène/carbone de 1/10 à 4/1. Le gaz est une énergie d'avenir. Il faut comprendre ce qu'est le gaz de roches mère, où il se trouve, comment il s'est formé... Le gaz de roche mère c'est plus de centaines de fois les réserves exploitées jusqu'à présent.... et si l'on ajoute les clathrates de méthane enfouis au fond des mers et dans le permafrost c'est encore bien plus, mais on ne sait pas encore exploiter. C'est parce que la vie existe sur la planète depuis 4 milliards d'années. Les renouvelables OUI, mais toutes ces énergies sont intermittentes et doivent donc être complétées à un moment ou l'autre par des sources fossiles ou nucléaires. La biomasse, bien, mais concurrente avec la production de nourriture.

Jean-Baptiste a dit…

Ca n'a rien à voir avec le gaz de schiste, non. Le but de l'article est de réagir à votre post initial disant "je ne vois pas pourquoi tout le monde a peur, il s'agit juste d'exploration, la fracturation hydrolique est interdite".

Ces remarques illustrent bien comment des intérêts privés peuvent nous faire croire n'importe quoi à coup de campagnes de communication savamment orchestrés (d'où l'article du Monde, qui traite de ce sujet appliqué au changement climatique et à la cigarette).

Quand vous dites plus haut "je ne comprends pas la peur qu'on veut propager, la fracturation est interdite", vous faites le jeu de ces sociétés qui doucement mettent un coin dans une fissure et qui, une fois qu'elles auront un pied dans la place, ne partiront plus. Oui la fracturation est interdite mais elles ont déjà inventé d'autres noms qui leur permettent de contourner la loi!

Et je ne suis pas d'accord non plus quand vous dites "le renouvelable, c'est intermittent". Bien sûr, ça l'est en l'état actuel parce que personne n'a investi dedans les sommes qu'il faudrait investir. imaginez que demain toute énergie fossile disparaisse, je suis sûr que l'esprit humain serait assez ingénieux pour trouver des solutions renouvelables et non intermittentes.

Le problème, c'est que la motivation politique n'existe pas encore. On compte sur les énergies fossiles, on détruit et on pollue plus encore, et on ne fait que repousser l'échéance.

Je recite mon analogie préférée: quand Kennedy a déclaré au début des années 60 "nous irons sur la lune avant la fin de la décennie", c'était une pure vision politique, les moyens techniques pour le faire n'existaient pas encore.
Idem pour les énergies du futur. Entre l'éolien, le solaire, l'hydrogène, il y a de quoi faire. Les investissements nécessaires pour rendre ces énergies aussi efficaces que les énergies fossiles seraient de plus un moteur de croissance formidable.
Mais évidemmment, certaines grosses et riches sociétés n'y ont pas un intérêt immédiat.

Je rappelle que je ne suis dans un discours gauchiste ou poujadiste, je suis de droite! Ca ne m'empêche pas d'être un écologiste convaincu. Je salue d'ailleurs la décision du gouvernement de faire interdire les enseignes lumineuses la nuit à dater du 1er juillet 2012. Ca fait longtemps que je milite pour une mesure aussi basique. Personne, ni vous, ni moi, ni les commerces, n'en souffrira. Nous ne retournerons pas au Moyen-Age. Et la planète ne s'en portera que mieux.

L'écologie, ça peut aussi être gagnant-gagnant.

pratclif a dit…

@Jean Baptiste
De mon point de vue, ce que vous ne réalisez pas, c'est que le gaz de roche mère (improprement appelé maintenant gaz de schiste) n'est pas un combustible fossile comme ceux que nous avons exploités depuis deux siècles - charbon, pétrole et gaz conventionnels cad. des concentrations de carbone et des pièges à huile et gaz; ce gaz de roche mère ne se trouve qu'à très grande profondeur 3000-5000m, ce qui est lié à la tectonique des plaques et à la dérive des continents. C'est à cause de la profondeur et de la subduction, que température et pression ont transformé les débris organiques mélangés à la boue accumulés au fond de lacs et de mers fermés, en argiles contenant molécules de gaz. Pourquoi se priver d'une telle ressource, dont on commence à comprendre qu'elle est plus abondante que les ressources conventionnelles, et distribuée partout? Une fois que le forage est fait et équipé, il ne reste quasiment rien sur le sol; c'est comme une vanne de tuyau rouge anti-incendie.

Quant aux énergies renouvelables, elles sont intermittentes et nous n'avons pas en vue qu'il en soit autrement. Évidemment les progrès techniques amélioreront cela. Mais songez que le vent ne souffle pas toujours, que le soleil ne brille pas la nuit, et que les courants de marée n'annulent et s'inversent 1h30 avant et après la pleine mer. Toute énergie vient du soleil, mais le problème c'est par quelles techniques la capter de manière suffisante et efficace, pour satisfaire nos besoins du 21è siècle qui sont devenus planétaires.

La méthode des opposants au progrès et à l'adaptation des hommes à l'évolution est toujours la même... la peur! Ce fut vrai de l'inquisition, du dogme de l'église et de tous les obscurantismes.

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Le sujet mérite plus qu'un docteur en géologie sans aucune pratique minière ou un maire engagé politiquement et sans connaissance du sujet.

Enfin, le film Gasland est une imposture! J'ai vu à plusieurs reprises allumer du gaz au robinet en Pennsylvanie; c'est du gaz biogénique produit lors de la traversée de couches de tourbe ou de charbon par des puits de forage pour l'eau. Voir ce lien.