Cette fois, c’est officiel. Dia, numéro trois
mondial du hard-discount derrière les allemands Lidl et Aldi avec 11,5
milliards d’euros de chiffre d’affaires et 7.328 magasins en 2013, a
confirmé jeudi à Madrid son intention de céder sa filiale française qui
compte 865 points de vente. Précisément, la société cotée à la Bourse
madrilène a annoncé à l’occasion de la publication de ses résultats
trimestriels qu’elle plaçait Dia France parmi les activités dites
abandonnées et disponibles à la vente. Le groupe a lancé « toutes les
actions opportunes pour vendre la totalité de son activité en France »,
qui a apporté 20 % de ses ventes au premier trimestre.
Pour
le directeur général de Dia, Ricardo Currás, c’est finalement, au terme
d’une réflexion initiée en novembre, « la meilleure solution pour les
employés, les franchisés et les actionnaires », parmi lesquels on
retrouve, derrière deux fonds long terme dont Baillie Gifford, Groupe
Arnault et Colony Capital qui totalisent 10 % du capital, suite à la
scission d’avec Carrefour en 2011.
Une valeur estimée entre 300 et 400 millions d’euros
Dia
France est victime du désamour des consommateurs français pour le hard
discount, dont la part de marché dans la distribution alimentaire a,
malgré la crise, reculé de 3 points (à 12 %) depuis 2009. Le réseau a vu
ses ventes s’effondrer de 11 % l’an passé, à 1,8 milliard d’euros et
fait état, selon les syndicats, d’une perte de 18 millions. « Dans
l’Hexagone, l’enseigne n’a pas la taille critique nécessaire pour avoir
des prix compétitifs et souffre d’une mauvaise logistique », estime un
expert. Pour autant, l’excédent brut d’exploitation de Dia France était
encore positif en 2013 et la filiale dispose d’un portefeuille
immobilier valorisé à 200 millions et de 150 millions supplémentaires de
crédit d’impôts. Autant dire que les actionnaires du groupe Dia
espèrent encore en tirer quelque chose.
Les
analystes qui planchent sur le sujet depuis plusieurs mois que les
rumeurs de vente courent estiment la valeur de Dia France entre 300 et
400 millions d’euros. Le magazine spécialisé « LSA », qui, sans citer de
sources, a fait état d’un intérêt de la part de Carrefour et Casino,
avançait, lui, la fourchette de 150 à 200 millions. Le repreneur devra,
il est vrai, opérer la restructuration que le groupe Dia souhaite éviter
de réaliser. Le délégué central CGT avançait mercredi à Reuters le
chiffre de 200 magasins « en moins » ainsi que la fermeture d’entrepôts.
Soit 1.500 emplois menacés sur 7.000. Une note de Kepler Cheuvreux
évoque, elle, la partie du parc situé au nord de la France, qui ne
serait pas rentable, soit 300 points de vente dont la fermeture
coûterait 100 millions.
Mais si pour Dia
France, le Nord est peu porteur, tel n’est pas le cas de Paris et du
Sud-Est où les emplacements de l’enseigne sont de qualité et l’activité
s’avère porteuse. Globalement, au moment où la guerre des prix
s’accentue encore entre les enseignes de distribution alimentaires en
France, l’acquisition des 2 % de parts de marché détenus par Dia peut
justifier d’y mettre le prix. Casino pourrait ainsi compléter son réseau
Leader Price et Carrefour son maillage de proximité. D’autres acteurs
seraient intéressés. Si Dia ne réussissait pas à céder d’un coup ses 865
magasins français, plutôt qu’une vente à la découpe qui serait un
dernier recours, des accords de partenariat avec d’autres enseignes
pourraient faire figure d’alternative.
A lire aussi :
Dia bute sur un marché français trop compétitif (21/02/2014)
Pourquoi le hard discount est à la peine en France (29/10/2013)
Écrit par Philippe BERTRAN
2 commentaires:
Pour un petit pays comme le notre, faites le compte, d'est en ouest: Aldi, Leclerc, Lidl, Dia, Intermarché, SuperU, sans compter les petits Casinos, HuitàHuit et autres commerces qui cherchent à conserver leurs parts de marché! C'est une bulle qui éclate?
Le début de la faim. Il faudra bien se résoudre à nationaliser la distribution alimentaire, après avoir tué le commerce de proximité. Cette nationalisation viendra lorsqu'un seul groupe détiendra cette distribution; Le début de la fin.
TRISTAN MOUHRIR
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