vendredi, décembre 02, 2016

"Force et Confiance" 1/12/2016 sur les plantes à parfums en pays de Fayence

La rencontre "Force et Confiance" de décembre 2016 fut consacrée aux plantes à parfums. Un merveilleux moment  convivial avec plus de 100 personnes dans la salle polyvalente de Montauroux "maison pour tous".
Nous avons eu plaisir à découvrir   Armelle Janody, productrice  de fleurs à parfums Le Clos de Callian, Guillaume Garcia-Moreau, responsable du "Château Dior" à Montauroux, et Philippe Claud, directeur du Pôle PASS (pôle de compétitivité Parfums Arômes Senteurs Saveurs). Ces trois intervenants nous ont fait découvrir ce monde de la parfumerie depuis les fleurs jusqu'au parfum subtile de nos dames.

Armelle Janody: Armelle nous a fait découvrir la filière  de production des parfums; elle  nous a fait partager sa passion et celle d'autres agriculteurs du pays de Grasse  pour la culture de plantes à parfum; une culture qui s'étend dans tout le pays autour de Grasse,  capitale mondiale du parfum, depuis Vence jusqu'au pays de Fayence.  Cette culture était bien plus abondante autrefois avant la 2è guerre mondiale. Le train Nice Meyrargues desservait le territoire  et les liaisons transversales Ouest-Est étaient plus importantes qu'aujourd'hui. La production de parfums, produit de luxe destiné aux plus fortunés au 18è siècle, s'est développée à Grasse en relation et après le déclin des tanneries.  Relation: On utilisait les parfums pour parfumer les gants des nobles et des riches bourgeois produits à partir de peaux venant des alpages. Voir vidéo de Armelle "le Clos de Callian".






  Armelle anime une association "Fleurs d'exception de Grasse" dont le siège est à la maison de la communauté du pays de Grasse. La passion d'Armelle et des autres membres de son association est de préserver le patrimoine culturel de production des plantes à parfum, dont la rose de mai, le jasmin grandiflorum, la tubéreuse. Les parfumeurs se sont mis à utiliser des essences produites à partir de fleurs du Maroc, de Turquie, des Comores ou de Madagascar... et aussi des essences de synthèse chimiques permises par la technologie. On ne reviendra pas à du 100% local dit Armelle, mais en se spécialisant sur de la production de qualité - donc bio - elle espère pouvoir fidéliser les industriels et les parfumeurs à leur production de niche. D'autant que la directive européenne REACH  intervient pour contraindre les parfumeurs utilisant des produits chimiques à considérer les risques pour la santé - les allergies, comme nous l'a expliqué Philippe Claud docteur en pharmacologie (voir plus loin). Mais voir cet article sur les essences de synthèse utilisées par les parfumeurs.

Qu'est ce qui fait  la valeur des productions locales: le climat méditerranéen et son ensoleillement, les sols argilo-calcaires des pré-alpes du sud et les plantes spécifiques à cet environnement. L'histoire des parfums à Grasse a commencé au 16è siècle avec la tannerie; l'importation de l'alambic par un florentin lui même l'ayant appris au moyen orient d'où le nom d'origine arabe; la migration des hommes et des technologies est de tous les temps. Les paysans de Grasse montaient dans la montagne cueillir les fleurs et avec l'alambic produisaient sur place les essences. Puis on mélangeait les essences. Et on  parfumait les gants fabriqués pour les nobles et les riches bourgeois. Avec l'augmentation de la production, c'est toute la région de Vence à Seillans qui participait à la production des fleurs nécessaires. A la fin du 18è siècle Grasse était capitale du parfum.

Guillaume Garcia-Moreau: Guillaume est le responsable du "Château Dior" à Montauroux, Il nous a expliqué que Dior revenait dans la tradition de son créateur Christian Dior et de ses parfums. Nous savons que les terrains face au Château devant la caserne des pompiers ont été aménagés et seront plantés la saison prochaine de roses de mai. Deux exploitants agricoles sont maintenant en cours d'installation et de négociation de contrats avec Dior pour la vente de leur production. Les terrains,  propriété de la commune, leur ont été loués à bail agricole de longue durée.

Philippe Claud, directeur du Pôle PASS (pôle de compétitivité Parfums Arômes Senteurs Saveurs) est docteur en pharmacologie.  Il nous a éclairés sur les aspects économiques de la filière. La difficulté de trouver l'équilibre dans la répartition de la valeur ajoutée totale entre tous les acteurs de la filière: producteurs des fleurs, producteurs des essences, parfumeurs. 

Le parfum, mélange subtile entre plusieurs essences mélangées en proportions données  par le NEZ du parfumeur - et qui en constitue la marque comme par exemple Coco Chanel5 - est évidemment un produit cher, à très forte valeur ajoutée. On peut espérer que les producteurs locaux dans leur niche auront leur juste part de cette valeur ajouté (*). Mais sans connaître le modèle économique de la filière, on peut penser que ce sera l'affaire de secondes vies de certains.
(*) Un champ d'un hectare produit de 3 à 5 tonnes de pétales de rose; la production s'accroît depuis la plantation jusqu'à atteindre 5t/ha pendant 30 ans si terrain bien entretenu; il faut 3 à 5 tonnes de roses pour produire 1 kg d'huile essentielle par distillation.

Plus:
  1.  Distillats, hydrolats, eaux florales quesaco?
  2. Parfums et fleurs à parfums au pays de Grasse
  3. Chambre d'agriculture du Var: plantes à parfum (rien sur Grasse)
  4. Chambre d'agriculture des AM: plantes à parfum (rien non plus sur Grasse)
  5. La fleur d'ylang ylang, reine des parfumeurs
  6. Chanel menace de quitter Grasse si une ligne SCNF enjambe ses fleurs
  7. Essences de synthèse utilisées par les parfumeurs.  
  8. Les roses et la production d’huile essentielle pour la parfumerie


3 commentaires:

pratclif a dit…

La question de la disponibilité de terres pour de jeunes agriculteurs voulant s'installer a été évoquée. Christian Louis conseiller communautaire qui s'occupe des dossiers agriculture, forêts et sylvo pastoralisme, à la CdC est intervenu. Il a expliqué que les études montraient 3000 hectares de surface agricole utilisable SAU dont 500 hectares sont en friche (*).

Il faut savoir que la location de terres agricoles entre un bailleur - propriétaire foncier - et un loueur - preneur - est soumise à un bail d'une durée minimale de 9 ans, reconductible... que cette durée au départ peut être de 18 ans ou de 25 ans. Que le prix de la location annuelle - fermage - n'est pas libre. Le fermage (terrain nu ou avec des bâtiments agricoles) est fixé en euros/hectare par arrêté préfectoral en fonction de la qualité agronomique du sol, de la disponibilité en eau, et de ce qu'on peut y cultiver. La variation annuelle du fermage est aussi fixée par rapport à un indice national des fermages. Tout cela est expliqué ici: exemple dans le Cher.

Certains propriétaires fonciers du pays de Fayence faisaient de la rétention dans l'espoir que leurs terrains deviennent constructibles. Avec les PLU et le SCOT, des terrains classés NB sont devenus agricoles, et les terrains agricoles sont désormais figés. Il n'y a plus de spéculation possible sur le devenir urbanisable. Les propriétaires fonciers doivent donc changer de modèle économique. Mais le problème du fermage: 9 ans minimum obligatoire, son prix et son indexation, est à prendre en compte. C'est une réflexion à laquelle nous devons nous livrer.
(*) être en friche ne modifie pas la qualité agronomique du sol, au contraire.

pratclif a dit…

Site de vente de pieds de rosa centifolia 16.90€ le pied.

Anonyme a dit…

J'ai 79 ans, je me rappelle enfant on allait cueillir du jasmin tôt le matin en septembre.