jeudi, février 16, 2017

Hausse du prix de légumes importés d'Espagne | une incitation au retour de l'agriculture de proximité.

De mémoire de professionnels. «on n'a pas connu une telle flambée des prix surtout sur les courgettes et les aubergines, depuis une vingtaine données», affirme Pascal Molinari, le directeur régional de TerreAzur (groupe Pomona) qui gère le marché de gros de La Farlède. Si les prix des légumes ont généralement tendance à augmenter de 10 à 20 '% au mois de janvier - au lendemain des fêtes, les gens ressentent le besoin de faire une cure de détox., explique Pascal Molinari - cette lois, la hausse a atteint des sommets.


Représentant des revendeurs des marchés de Toulon, Giuseppe Coccioli n'en revient toujours pas: il y a une dizaine de jours, les courgettes ont atteint 6€ le kilo. les aubergines 5€. contre 1,50€ en temps normal!

Intempéries en Espagne

Pour expliquer cette flambée subite. il faut se tourner vers l'Espagne. «le grenier à fruits et légumes de l'Europe pendant l'hiver. La péninsule ibérique, notamment autour de Valence et Almeria, a connu de sérieuses inondations. Les récoltes de légumes, dans une moindre mesure d'agrumes, ont été très sérieusement touchées. La production étant moindre, les prix ont commencé à monter. Ce phénomène a été d'autant plus fort que le Maroc et l'Italie - orgines de substitution  - ont également été touchés par les intempéries., explique Pascal Molinari.

Vers un retour à la normale

Largement les plus touchés, les légumes à ratatouille ne sont pas les seuls à avoir été frappés par cette lièvre. Face à la hausse des prix, les consommateurs se sont naturellement rabattus sur les poireaux ou le fenouil, des légumes plus de saison qui ne viennent pas d Espagne. Du coup, la demande étant plus forte sur ces produits, les prix ont également augmenté, mais dans une moindre mesure, concède Guiseppe Coccioli.

Heureusement pour les consommateurs, ce phénomène semble appartenir au passé. A 2.99€ le kilo de courgettes hier, le cours était certes encore un peu haut, mais la décrue est amorcée. A moins d'un nouvel événement climatique...

Source:plpages@varmatin.com


C'est une incitation au retour de l'agriculture de proximité et de saison.

Questions à Stéphane Schneider, professeur de nutrition au CHU et à l'université de Nice sur la  "Logique de favoriser le produit local et de saison"

Quelle part de notre alimentation est-il conseillé de consacrer aux fruits et légumes?

Nous avons des besoins en fruits et légumes pour plusieurs raisons : ce sont des sources de fibres, de vitamines, de minéraux pour certains, et ils sont denses nutritionnellement, au contraire des sucreries ou des graisses qui sont denses énergétiquement. La recommandation de manger cinq fruits et légumes par jour – surtout des légumes – a été confirmée par des études le mois dernier encore. Cela représente cinq doses de 8og, soit 400g. Encore faut-il se les procurer!

Entre le local et l'importation, il y a légume et légume... Si on reste dans la stricte saisonnalité, le choix est assez limité. Pour autant, si on prend en compte à la fois l'impact sur la santé et sur l'environnement, il est tout à fait logique de favoriser le local et de saison.

Consommer une courgette qui a parcouru 2000 km, avec tous les conservateurs que cela induit, peut-il être nocif pour la santé ?

La présence potentielle de pesticides est censée être contrôlée sur la base des seuils européens et français. D'un point de vue nutritionnel, il n'y a pas de différence notable entre un légume qui a poussé hors sol et un autre qui a été cultivé avec amour. La différence, elle se fait surtout au niveau du goût ! La variation au niveau des micro-nutriments tient à la maturation et à la cuisson. Mais ce sont des sources tellement importantes en micro-nutriments et en substances phyto chimiques que l'on garde un bénéfice. Mieux vaut consommer cinq fruits et légumes issus de l'agriculture non conventionnelle ou non locale, que rien du tout.

Quand les rigueurs de l'hiver affectent la production de fruits et légumes, ces produits sont-ils moins bons pour la santé ?

A priori non. En revanche, cela a un impact sur le prix. Et cela n'est pas bon, car le prix influence directement leur consommation.


A qui profite cette situation?

À l'image de ses collègues varois. Bernard Simondi. maraîcher à Hyères. n'a pas tiré particulièrement profit de la hausse du prix des légumes à ratatouille résultant des intempéries en Espagne. "il ne faut pas oublier que ce sont les consommateurs locaux qui nous font vivre toute l'année", fait sagement remarquer le vice-président de la chambre d'agriculture du Var.

Ceci étant dit. le gérant du Domaine du Moulin ne crache pas dans la soupe. Cette flambée des prix sur des légumes importés d'Espagne est une bonne publicité pour nos produits départementaux.

Privilégier les circuits courts

Et Bernard Simomdi de s'expliquer:  Chez nous, l'hiver n'est pas la saison de la ratatouille. Les prix excessifs des courgettes. des aubergines et autres poivrons venus d'Espagne ont poussé les clients à réfléchir et à réagir. Ça  renforce encore une mouvance générale des consommateurs, une tendance qui consiste à privilégier les circuits courts, les productions locales et de saison, les produits bio et de qualité. Les consommateurs, de plus en plus exigeants et responsables, redécouvrent les produits locaux et surtout les calendriers locaux. Plutôt que de la ratatouille, ils optent pour une soupe de courge locale, un gratin de chou-fleur ou une potée au chou frisé..

Plus: voir l'émission de France culture sur ce thème dans ce billet précédent: L'agriculture française doit-elle se convertir aux nouvelles pratiques alimentaires ? 



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Des légumes espagnols traités avec des produits chimiques interdits en France mais pas en Espagne, il vaut mieux qu'ils augmentent tellement que les gens évitent de les acheter pour s'empoisonner. Madame l'europe permet aux ibères de nous refourguer de la saloperie en faisant crever nos propres producteurs. S'ils dégustent maintenant, tant mieux.

pratclif a dit…

J'ai le même point de vue que vous. La nocivité des pesticides commence seulement à être un sujet de société et de santé publique. D'où l'intérêt du BIO; mais en France en est très en retard par rapport à l'Allemagne ou à l'Autriche. Les pesticides tuent les insectes, et à forte dose les agriculteurs, qui les répandent. Alors pourquoi pas à faible dose sur nous qui en mangeons? Évidemment si on a cet "à priori", pour le démontrer scientifiquement il faut des moyens, des fonds de recherche, des spécialistes et des laboratoires. Alors même le nutritionniste dit "mieux vaut manger des légumes non bio que de ne pas en manger"! Mon médecin dit la même chose. Voir effets délétères des pesticides sur la santé.