En
France, l'État apparaît comme l'acteur de référence lorsqu'il s'agit de
mener des politiques de transition énergétique. C'est lui qui fixe les
orientations politiques, établit une partie du cadre fiscal et
réglementaire applicable au secteur de l'énergie et aux émissions de gaz
à effet de serre (GES). C'est aussi lui qui signe les traités
internationaux, tel l'accord de Paris sur le climat ou les accords
commerciaux de libre-échange, comme le Ceta (avec le Canada). C'est
encore lui qui est assigné en justice pour inaction climatique.
Dans ce
domaine, les collectivités sont souvent considérées de manière
subsidiaire, alors que leur rôle y est non négligeable. Sachant que 4/5
des orientations de la stratégie nationale proposée par l'État pour
atteindre la neutralité carbone nécessitent la contribution des
collectivités locales, il est légitime d'exiger une réflexion
approfondie sur ce sujet de la part des candidats aux élections
municipales. C'est le moment de les y inciter !
ENVIRON 70 % de l'empreinte carbone des ménages français provient des secteurs du transport, du logement et de l'alimentation
(1).
Or ce sont des domaines où les collectivités locales ont des
prérogatives clés. Ainsi, les communes et intercommunalités sont
décisionnaires en matière de voirie : la place accordée aux voitures,
aux piétons, aux vélos sur l'espace public, l'accessibilité des
transports en commun, etc. sont de leur ressort. Dans le cadre de leurs
compétences d'urbanisme, elles ont leur mot à dire sur la localisation
des bâtiments à usage d'habitation ou d'activité économique. Ils peuvent
être construits à proximité des pôles d'activités, bien desservis par
les transports en commun, avec des politiques fiscales et foncières les
rendant abordables. Ou, au contraire, les élus locaux peuvent autoriser
des constructions en périphérie des villes, dans des lotissements peu
denses, mal desservis par les transports bas carbone. De telles
décisions contribuent à imperméabiliser les sols, diminuant leur
capacité à stocker du carbone et réduisant les terres disponibles pour
une agriculture de proximité. Dans les bâtiments situés sur leur
commune, les élus locaux peuvent aussi prescrire l'utilisation
d'énergies renouvelables, tel le raccordement à un réseau de chaleur.
Dans le domaine de l'alimentation, le bloc communal est en première
ligne pour susciter l'adoption de comportements vertueux. Les
collectivités, lorsqu'elles gèrent des établissements de restauration
collective, peuvent privilégier des produits à faible impact
environnemental et, dans les écoles, participer à l'éducation à ces
enjeux et sensibiliser les familles. Cela est d'autant plus important
que le conseil municipal est l'échelon d'action publique envers lequel
les Français ont le plus confiance
(2).
Le bloc communal a ainsi des responsabilités fortes dans le domaine
de la lutte contre le réchauffement climatique. À ce jour, malgré des
revendications croissantes et le travail remarquable de certains
pionniers, comme Grenoble ou Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais,
l'insertion de mesures climatiques dans les politiques publiques
traditionnelles reste limitée. Alors que les intercommunalités de plus
de 20 000 habitants devaient établir une stratégie climatique pour fin
2018, seule une quinzaine sur 734 l'avaient fait.
Pauvre France !
RépondreSupprimerQuel bordel organisé...