Dans un contexte environnemental inédit, l'Activité Eau Région Méditerranée de Veolia a lancé, depuis plus d'un an, une série de Matinales sur les thématiques du climat, de la transition énergétique et de la relance verte. Leur dernier rendez-vous était µainsi consacré à l'innovation au service de la préservation de la ressource en eau. Il a réuni plusieurs acteurs du territoire pour une table ronde passionnante au Château Sainte Roseline aux Arcs.
L'état des lieux est sans appel: le Var est visé depuis février par des arrêtés sécheresse. Et l'année 2023 s'annonce encore plus alarmante que 2022. "Il est donc urgent de maîtriser la consommation, d'analyser toutes les données et de trouver des solutions", annonce Denis Carreaux, rédacteur en chef du Groupe Nice-Matin et animateur de cette table ronde. "On est en sécheresse depuis 2015, abonde Jean-Philippe Bellot, hydrogéologue. Et depuis 2022, il ne pleut plus ni en automne, ni en hiver. On a donc des sécheresses hivernales qui s'ajoutent à celles estivales."
La chasse aux fuites
Ajouté à cela, un rendement des réseaux loin d'être optimal. "Dans le bassin Rhône Méditerranée Corse, un litre sur cinq se perd en fuites dans les réseaux d'eau potable, rappelle François Roberi, chargé d'intervention eau et pollution à l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse. Le Plan Eau a listé 170 collectivités points noirs qui ont moins de 50% de rendement sur leurs réseaux." "Ce n'est pas tolérable, renchérit le maire de Cotignac, Jean-Pierre Veran. Il faut entretenir le réseau existant et faire la chasse aux fuites." Auparavant, les ouvrages de production devaient répondre à la logique d'approvisionnement la plus rapide possible. "Aujourd'hui, on leur demande le plus longtemps possible, explique Jean-Philippe Bellot. Il faut relativiser les débits pour ne pas siphonner les réservoirs et cela permet de limiter la dégradation de la qualité de l'eau, notamment à cause du calcaire."
Des solutions technologiques
"Le Plan Eau donne un cadre, appuie Pierre-Guillaume Seguin de la Salle, directeur clients et marché chez Birdz. Cela permet d'accélérer les solutions. La technologie est mature, il faut maintenant la généraliser. Car pour bien piloter les réseaux, il faut bien mesurer leurs performances et avoir des informations fréquentes. Le but est donc d'équiper les réseaux d'objets connectés (compteurs, capteurs...) afin de réaliser un suivi des usages, d'identifier des fuites, de réduire l'utilisation lors d'arrêtés préfectoraux par exemple et d'avoir des outils de pédagogie. Nous avons des solutions de compteurs capables de détecter des fuites, vingt mètres en amont et en aval du compteur! Toulon sera d'ailleurs la première ville équipée en France d'ici dix-huit mois. »
Ces solutions ont un prix mais il sera toujours plus faible que le coût du manque d'eau.
Dans l'assemblée, les responsables et élus locaux partagent cette vision paradoxale, à la fois inquiète et dynamique. Il faudrait plus d'investissements financiers, il faudrait déclarer les forages des particuliers, il faudrait plus de concertations au niveau local, régional, national mais aussi européen. Il faudrait accroître le prix de certaines tranches de consommation pour redonner une valeur à l'eau, tout en sachant que le prix de l'eau dans la région est un des plus bas… Il faut surtout reconnaître que plus on parle des enjeux et des problèmes, plus on avance. "L'abondance de l'eau en Provence est récente, rappelle l'expert en hydrogéologie. L'économie est donc dans la culture régionale. Nous avons beaucoup de compétences et de savoirs. Et le fait qu'il y ait beaucoup d'acteurs entraîne l'émulation." Si la situation est donc urgente, les solutions sont déjà là et les acteurs, engagés.
Source Var Matin le 15/05/23
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