vendredi, février 23, 2024

Dette publique 115% du PIB, 40 ans de déficits annuels accumulés

Malgré les discours alarmistes et  pertinents de certains observateurs, je ne crois pas que la France soit au bord du défaut de paiement car elle est "to big to fail". La BCE interviendra si nécessaire, et notre pays ne devrait pas avoir recours au FMI, avec son cortège de mesures de correction pour rétablir l'équilibre des finances publiques, déficitaire chaque année sans exception depuis 1971.  Ce sont ces déficits annuels récurrents qui ont fait augmenter la dette d'année en année pour atteindre aujourd'hui plus de 3000 milliards d'€  117% du PIB. Cela dit, la dette ne peut pas augmenter indéfiniment, il y a forcément une limite - plus la dette est élevée, plus il y a  risque d'insoutenabilité. 
 
La première question est donc:  le niveau de dette de la France est-il soutenable? Il n'y a pas de réponse unanime d'économistes à cette question: cela dépend de beaucoup de choses, dont la croissance du PIB, la confiance des investisseurs, le taux d'intérêt,  le montant des actifs détenus sur les autres pays du monde et bien d'autres choses.  Cf. le Japon avec 254% du PIB.

La deuxième question plus importante me semble-t-il est: comment assurer l'équilibre des comptes publics pour que la dette ne s'accroissse pas, sauf en cas de crise ou de récession, mais cela de manières temporaires comme lors du COVID? C'est réduire les dépenses et/ou augmenter les recettes. La France a fait depuis 100 ans les choix de société qui ont conduit à cette situation: un état social qui prélève plus de 55% du PIB, principalement pour de la redistribution et pour imposer un état de droit.  On ne changera pas ces choix, sauf à produire une nouvelle révolution. Il faut donc trouver les solutions: croissance du PIB pour accroitre les recettes, sans augmenter les recettes en même proportion. Une croissance de 10% du PIB résorberait le déficit.

L'enjeu des 10 milliards d'€ de réductions des dépenses, annoncées par Bruno Lemaire dimanche 18 février 2024 sur TF1 20h, c'est d'éviter une dégradation de la note de la France par les agences de notation,  et  l'accroissement du taux d'intérêt par l'application d'une prime de risque par les investisseurs,  ce qui accroitrait le coût des futurs emprunts pour financer les déficits et des emprunts pour rembourser les emprunts arrivés à écheance (*). La réindustrialisation du pays est au coeur du sujet, après le colbertisme et la forte désindustrialisation des années 1960-1990. 

Mais la poursuite des dépenses excédentaires de l'état (par exemple le 3 millards d'€ à l'Ukraine dans le cadre de l'accord de coopération du 16 février 2024) continuera d'être financée par de la dette tant qu'on n'aura pas rendu le déficit compatible avec la croissance du PIB. Dans une situation de dette considérée comme soutenable, la non croissance de celle-ci est obtenue quand le déficit en % du PIB est égal ou inférieur au taux de croissance du PIB. C'est le sens de la règle des 3%, car celle-ci inclut 2% d'inflation.

Reste  à se demander comment réduire la dette publique. C'est traité dans les deux documents de Fondapol, thinktank français et européen.

  1. Dette publique définitions 
  2. Too big to fail Quesaco? 
  3. Nicolas Baverez: «Droit dans le mur de la dette» 
  4. IFRAP Risques sur la dette de l'Etat 
  5. Fipeco  Le déficit public, la dette publique et la politique budgétaire
  6. Endettement historique pour la France en 2023 : 3 046,9 milliards d'euros
  7. Accord de coopération France Ukraine du 16 février 2024 
  8. Dette publique par pays de l'OCDE en % du PIB
  9. Philippe Aghion ; Gilbert Cette ; Elie Cohen Changer de modèle 
  10. Le déficit public est-il soutenable ? La Croix  
  11. Articles du blog sur la désindustrialisation de la France 
  12. Dani Rodrik; le paradoxe de la globalisation 
  13. Stratégie pour une réduction de la dette publique (Fondapol 2010) 
  14. Dette publique : la mesurer, la réduire (Fondapol 2017)

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