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vendredi, avril 14, 2023

Eau du robinet contaminée : une infographie pour comprendre les risques... et ajouter aux angoisses du moment...

L’eau du robinet est largement contaminée par un résidu de pesticide, le métabolite de chlorothalonil, un fongicide utilisé en agriculture et interdit depuis 2020 en France. C’est ce que révèle une nouvelle 
étude de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, publiée le 6 avril. En complément des contrôles réguliers effectués par les Agences régionales de santé, l’organisme public mène tous les trois ans des campagnes pour analyser les molécules dites "émergentes", qui ne sont pas encore ou peu recherchées. C’est le cas du métabolite de chlorothalonil, dont la présence à des fréquences assez importantes avait été révélée par des chercheurs en Suisse en 2019  Suite via Novethic 

vendredi, décembre 20, 2019

Preuve à l'appui : les glyphotests sont bidon !


Depuis le 17 avril 2018 et le lancement hypermédiatisé de leur campagne, les « pisseurs de glyphosate » se sont imposés dans le débat public, des marchés où fleurissent leurs tentes de test jusqu'à l'Assemblée nationale. Dans toute la France, plus de 6 000 « pisseurs volontaires » ont déjà fait analyser leurs urines, à l'initiative d'une association fondée par des Faucheurs volontaires d'Ariège. Leurs résultats, analysés par le même laboratoire allemand et toujours « alarmants », ont été relayés sur toutes les chaînes de télévision, les radios, dans les journaux locaux et nationaux du pays. Leur but ? Prouver que nous avons tous du glyphosate dans le corps et que « nous sommes tous empoisonnés », comme le proclament leurs pancartes.

samedi, mars 19, 2011

Les agriculteurs malades des pesticides

Paul François dans sa ferme en Charente. Cet exploitant agricole de 47 ans est aujourd'hui atteint de troubles neurologiques. Ces produits chimiques très utilisés hier encore peuvent causer maladies neurologiques et cancers. Ils sont agriculteurs, ne sont âgés que de 40, 47, 50 ans et sont atteints de la maladie de Parkinson, d'un lymphome, d'un cancer de la prostate, de la vessie.

Ils ont manipulé des années durant herbicides, insecticides et autres fongicides pour traiter leurs cultures. Tous ont de fortes suspicions à l'égard de ces produits chimiques auxquels ils ont tant cru : pourquoi de telles pathologies se multiplient-elles au sein de cette génération d'agriculteurs qui se sont lancés dans les années 1970 et 1980, en plein boom de ce que l'on a appelé la révolution verte ?

Aujourd'hui, ils ont décidé de briser l'omerta. Et lancent, samedi 19 mars à Ruffec (Charente), une association : Phyto-victimes. Pour susciter une prise de conscience des pouvoirs publics et offrir une aide aux autres -malades qui, comme eux, sont atteints mais n'osent parler de ce qui leur arrive.

Paul François, à l'initiative de l'association, est un des premiers à avoir rompu le silence. La vie de cet exploitant de 47 ans à la tête de 240 hectares, longtemps dédiés à la monoculture céréalière, a basculé le 27 avril 2004. Ce jour-là, voulant vérifier le nettoyage de la cuve d'un pulvérisateur, il a inhalé une forte dose de chlorobenzène. Chauffés par le soleil, des résidus de ce produit utilisé comme solvant au Lasso - un désherbant de Monsanto retiré du marché français en 2007 - se sont transformés en gaz. Depuis, il souffre de troubles neurologiques et doit subir un IRM tous les six mois, des lésions étant apparues au niveau du cerveau.

Jamais Paul François n'avait imaginé que ces produits, tant vantés hier, pouvaient être un tel poison. " L'agriculture intensive, c'était merveilleux, avoue-t-il. On utilisait des produits chimiques mais on produisait plus. Et comme tous, j'en étais fier. " Tous les ans, les marchands de produits venaient délivrer leur ordonnance. " Et j'appréciais de discuter avec eux ", reconnaît Paul François, qui se " reproche d'avoir été aussi naïf avec ces firmes ".

Mais à l'époque, " c'était le bonheur d'arriver à éradiquer tel ou tel insecte... le rêve de ne plus avoir de maladies sur nos vignes ! ", abonde Jacky Ferrand. " C'est là qu'on s'est fait piéger. Nous avons notre part de responsabilité ", lâche ce viticulteur à la retraite qui ne -décolère pas depuis qu'on a découvert en avril 2010 chez son fils Frédéric, 40 ans, un cancer métastasé de la vessie.

Depuis 1997, la Mutualité sociale agricole (MSA) mène un programme de surveillance des intoxications aiguës, baptisé Phyt'attitude. " Phyt " pour phytosanitaires, terme utilisé par les pouvoirs publics et les industriels pour désigner les pesticides. Grâce à ce dispositif, la MSA reçoit quelque 150 signalements annuels d'intoxications aiguës. Reste que jusqu'à une date récente l'impact à long terme des pesticides sur les utilisateurs, résultant d'une exposition chronique à faible dose et répétée dans le temps, n'était pas pris en compte.

La mutualité reconnaît aujourd'hui recevoir de plus en plus de dossiers de maladies neurologiques et de cancers. " Comme pour l'amiante, trente ans après le boom des pesticides, les pathologies chroniques commencent à apparaître ", relève un médecin du réseau Phyt'attitude. Mais leur reconnaissance en maladie professionnelle est rare : à ce jour, seuls une quarantaine d'agriculteurs malades sont concernés.

Alors que leur pathologie n'est pas prise en compte dans les tableaux des maladies professionnelles du régime agricole, quelques autres tentent et parfois finissent eux aussi par obtenir cette reconnaissance. Au prix d'une longue procédure passant par une commission spécialisée et se terminant souvent devant les tribunaux des affaires sociales. " Combien voient leur demande refusée ? Combien aussi y renoncent, devant la difficulté ? ", interpelle Paul François, qui a mis quatre ans et demi pour obtenir cette reconnaissance. Jean-Yves accepte aujourd'hui de témoigner - parce qu'" il faut qu'on se compte ", dit-il -, mais souhaite rester anonyme et n'envisage pas de solliciter une reconnaissance en maladie professionnelle. Pourtant opéré en novembre 2010 d'un cancer de la prostate, il se dit " mutilé sur l'autel de la rentabilité ". " Je suis impuissant, je ne ressens plus rien ", confie-t-il. Mais il accepte de " payer de - sa - personne ". Comme pour beaucoup, ce métier l'a nourri, et s'il est malade, c'est le destin.

" Il est difficile d'admettre que le système auquel vous avez cru est en train de vous empoisonner ", explique Paul François, qui sait le sujet tabou dans la profession. Combien de fois s'est-il entendu dire " Paul, tu nous emmerdes à parler de ça. La profession n'a vraiment pas besoin de cette polémique " ? Et pourtant, depuis qu'il a lancé avec quelques autres un premier SOS il y a un an, les appels à l'aide se multiplient. " On va en crever. Et il ne faudrait rien dire ? ", lâche-t-il, persuadé comme Jacky Ferrand, comme Jean-Yves, qu'on est face à " une bombe à retardement ".

Laetitia Van Eeckhout Le Monde 19 mars 2011

Projection du film de Marie-Monique Robin; débat après le film "notre poison quotidien"