mardi, août 30, 2022

"J’ai toujours été économe, mais jamais à ce point": comment les habitants d'un village du Var sont contraints de se restreindre en eau - Var-Matin

Source Var Matin 27/8/2022 Pierre Peyret 
À Seillans, comme dans les autres communes du Pays de Fayence dans le Var, les habitants viennent-ils de vivre le premier été d'une longue série? Sur place, ravitaillés par camion-citerne pour certains, la consommation d'eau est limitée à 150 et 200 litres maximum par personne et par jour.

 

À Seillans, les habitants, comme Liliane, ont installé des récupérateurs d'eau. "La mairie pourrait en subventionner pour que les gens puissent en acheter", émet-elle. Photo Pierre Peyret

Denise y voit un symbole. En bordure de son allée, une plante méditerranéenne a fleuri. "Pour la première fois en cinq ans", s'enthousiasme-t-elle. "Je l’arrose chaque été et la seule année où ce n’est pas le cas, elle fleurit. Ça montre qu’il faut savoir utiliser l’eau à bon escient", veut-elle croire.

À Seillans, dans le nord-est du Var, cet été plus que les autres, l’eau est devenue un sujet de préoccupation. Les apparences sont pourtant trompeuses. Les fontaines pluricentenaires du Thouron et du Font d’Amont s’écoulent paisiblement. Attablés en train de déjeuner autour de ces fontaines en circuit fermé, les touristes se doutent-ils des restrictions qui pèsent sur les 2.500 habitants de la commune?

Les fontaines sont en circuit fermé à Seillans. Photo Pierre Peyret.

Début juillet, le maire René Ugo, à l’instar des autres édiles du Pays de Fayence, a pris un arrêté municipal limitant la consommation d’eau. À Seillans, cette limitation varie de 150 litres par jour et par habitant, pour ceux résidant dans le nord de la commune, à 200 litres pour les autres secteurs du territoire. Signe de l’urgence, un camion-citerne acquis par la commune multiplie depuis plusieurs mois les allers-retours pour alimenter quotidiennement un des réservoirs.

"On rationalise même le passage aux toilettes"

"On le sentait venir", lâche Liliane Lachèvre. "D’habitude, on a toujours un gros coup de pluie mais cette année, rien. En plus, cet été, les nuits sont chaudes, il n’y a pas de condensation. La chaleur assèche tout". 

Résultat, l’heure est aux fameux petits gestes. "On a été éduqué à faire attention à l’eau", indique-t-elle, en se rappelant sa jeunesse. Avec Liliane, l’eau usagée sert désormais à arroser les plantes. L’eau salée des pâtes ou des pommes de terre va pour les mauvaises herbes. "On rationalise même le passage aux toilettes", raconte celle qui a investi dans des récupérateurs d’eau. "Dès qu’il pleut un peu, vite vite, j’essaie de sauver les plantes que j’aime."

"J’ai toujours été économe, mais jamais à ce point"

En dehors de cette scille maritime qui s’est enfin décidée à pousser et fleurir, Denise Eiclies a tiré un trait sur l’état de son jardin. Seule sa terrasse reste ornée de plantes grasses et autres cactus. 

Denise a tiré un trait sur son jardin pour cet été. Seule sa terrasse reste ornée de plantes grasses et autres cactus.  Photo Pierre Peyret.

À 86 ans, ses petits gestes du quotidien pourraient servir à illustrer le manuel de survie d’une ville en manque d’eau. Coquette et discrète, elle n’a rien d’une survivaliste. Elle prend une douche trois fois par semaine, "les autres jours, je me lave au lavabo et cela ne m’empêche pas d’être propre". La chasse d’eau, elle la tire "deux à trois fois par jour". Sa vaisselle, elle la lave au-dessus d’une bassine posée dans son évier. L’eau restante servant à arroser les rares plantes qui ornent son salon. Le lave-linge n’est lancé qu’une fois bien plein. "J’ai toujours été économe mais jamais à ce point", constate-t-elle.

Dans cet univers de restriction, elle a conservé un petit plaisir: elle continue de boire l’eau du robinet. "Je trouve l’eau de Seillans très bonne", sourit-elle. Dans son garage se trouve pourtant un pack d’eau. "Par sécurité, au cas où il y aurait une coupure".

Des réducteurs de débit d'eau installé chez des particuliers

Combien consomme-t-elle d'eau chaque jour? Elle ne le sait pas. Murielle, résidant à quelques encablures du cœur du bourg, scrute, quant à elle, son compteur chaque semaine, "pour voir si je ne dépasse pas les 150 litres. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait mais il n'y a pas de miracle. Il n’a quasiment pas plu depuis le début de l’année. Il ne pouvait en être autrement", dit-elle. 

Et même si elle n'a pas de jardin, elle fait "quand même plus attention qu'avant", tout en égrenant les préconisations de la Régie des eaux dans un courrier adressé à la population début juillet et répété sur le site de la commune.

À Seillans, ce sens de l’effort n’est pas partagé par tous au sein de ce joli village qui attire des touristes venus du monde entier voir un patrimoine riche. Mais disposent aussi de 730 piscines selon le cadastre. "On a repéré tous ceux qui consommaient beaucoup d’eau l’été dernier. Notamment des propriétaires de résidences secondaires, qui disposent de piscines ou de l’arrosage automatique", se remémore René Ugo.

À Seillans, on devine facilement certaines piscines sont plus entretenues que d'autres. Photo Pierre Peyret.

Nombreux ont été ceux à faire les frais du "pastillage". Soit la mise en place par la Régie des eaux d’un dispositif qui réduit de six fois le débit d’eau. Dans le secteur le plus critique de la commune, sur les 350 usagers concernés, une centaine se sont vus installer une "pastille". "Cela fait du monde", commente le maire.

Malgré ces réductions, certains n’ont pas l’air de s'inquiéter outre mesure. Depuis sa terrasse nichée sur les hauteurs de Seillans, Denise le constate alors qu’elle aperçoit une piscine à l’eau couleur azur. Si elle ne dit rien sur ses comportements, elle n’en pense pas moins. 

"On a tout essayé pour la préserver au début et puis on a laissé tomber"

À quelques centaines de mètres de là, Michèle Colin aimerait bien fuir les 30°C et la chaleur ambiante dans sa piscine. Ce ne sera pas pour cet été. Dans son jardin, la terre crisse. L’herbe est aussi jaune que de la paille. La piscine, verte comme devrait l’être son jardin, a des airs de mare, faisant le bonheur des moustiques et autres insectes volants. Le robot, lui, est au chômage technique.

"On a tout essayé pour la préserver au début et puis on a laissé tomber", relate cette Seillanaise expatriée au Canada. Elle aussi se plie à ces petits riens visant à réduire au strict minimum sa consommation d’eau. "Ce sont des gestes qui vont rester", pressent-elle, surprise par la gravité de la situation. "On habite le Canada, chez nous, il y a des lacs. Ça ne nous a jamais traversé l’esprit qu’on pouvait venir à manquer d’eau".

"On a tout essayé pour la préserver au début et puis on a laissé tomber". Certains ont tiré un trait sur leur piscine. Photo Pierre Peyret.

Jusqu’à cet été donc. Si son fils, de passage, n’a pas pu profiter de la piscine, personne n’en fait un drame tant la situation les préoccupe. Quitte à lâcher une lapalissade qui, à Seillans, ne prête plus à sourire: "En tant qu’enfant du pays, oui, ça me fait peur. L’eau, c’est la vie".

"Tout le monde a eu de l'eau. Les gens ont pu passer l'été à Seillans"

À Seillans, l’été touche à sa fin et les touristes commencent à se faire moins nombreux dans les ruelles de ce village perché. "Le résultat est là. Tout le monde a eu de l’eau. Les gens ont pu passer l’été", constate René Ugo, le maire de la commune. Suffisant pour souffler un grand coup? Pas forcément, la préfecture du Var vient de placer en niveau de "crise sécheresse" sa commune, comme sept autres du Pays de Fayence situées en "zone amont de la Siagne".

Pour les habitants, compte tenu de la baisse du débit de la Siagnole, les restrictions risquent de perdurer. "Sur le moment, le message n’a peut-être pas été bien accueilli mais il a été bien compris", fait remarquer celui qui est aussi président de la communauté de communes, tout en saluant le comportement de sa population.

A l'époque, la décision a été difficile à prendre mais nécessaire pour celui qui est devenu incollable sur l’emplacement et le débit des réservoirs, des nappes et des sources qui alimentent sa commune. "On n’avait pas conscience du changement qui était en train de se produire. C’est la première fois qu’on est confronté à cette situation”, souligne-t-il. Outre l'achat en urgence d'un camion-citerne pour alimenter le réservoir de Sainte-Brigitte, des travaux ont été menés sur les canalisations du secteur, amenant "le rendement à 85%". 

"Cela nous sert de leçon, on va accélérer la remise à niveau"

Mais il en convient: "le rendement de Seillans et des autres communes n'est pas bon car les réseaux sont à l'abandon". Cela nous sert de leçon. On va accélérer tout un programme de travaux, de remise à niveau. Le vieux canal de la Siagnole va être refait", indique-t-il.

Aujourd'hui, au-delà de l'absence de pluie, sa crainte porte sur les coupures d'eau si la source continue à baisser et que des réservoirs se vident trop vite. "Dans ce cas, il faudrait attendre 24 heures pour que l'eau soit considérée comme potable. Et quand on remet l'eau, cela peut faire péter les conduites. Si cela s'enchaine en cascade dans les autres communes, ce sera le grand bazar”.

La préfecture du Var vient de placer en niveau de "crise sécheresse" Seillans et sept autres communes du Pays de Fayence. Photo Pierre Peyret.

 

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Être économe a ce point , mais ? Pour que l’égo pompe et jette notre eau de rivière on ne sait meme pas ou .On pompe pour perdre tout en fuite ,,, ça mérite la prison cette conduite la .Le roi a décider de pomper l’eau de nos rivière et déc la jeter par des fuites on ne sait pas ou . Jusqu’ou pourra t on aller ????

Anonyme a dit…

Ce qui est dommageable dans bien trop de cas c'est que les élus attendent une catastrophe ou d'être au pied du mur pour agir...alors qu'on les a élus entre autre pour preserver et entretenir notre cadre de vie...sommes bien loin de la réalité sur bien des sujets ...c'est honteux !!!!

Anonyme a dit…

Vous avez pas lu , tout le monde a pu passer un bon ete a seillans , mais de quoi vous Plaignez vous .Tiste vois le connaissiez .lui il préfère le vin a l’eau .Les Seillans ils sont heureux , ils savent que c’est les autres village qui vont payer pour eux ( et quelles caves de tisté ne sont pas vides)

Anonyme a dit…

Vous les 25 % vous les avez elus (vous les avez , vous devriez etre content) c’était dans leur programme , dans le programme de MR , (les aures ils ne l’ont jamais lu)

Anonyme a dit…

Le ''on'' était impersonnel...en effet certains..25 % si je lis bien les ont élu...et donc 75% les ont laisser élire ? Pas de liste concrete et sérieuse en face...dommage de rogner après coup ?..,c'esy une question et non une affirmation..ne faudrait il pas plus d'engagement de personnes éligibles..impartiales et compétentes...

Anonyme a dit…

La derniere fois ils ont pas voulu des gens compétents , Ils ont préféré , les fils de , la tante de , les bling bling …… Les gens qui ,avaient quelques chose a dire ou a faire , sont vite Partis .

Anonyme a dit…

Fort vraissemblable..le copinage passe malheureusement avant la compétence

Anonyme a dit…

Gouverner, c'est prévoir. dans notre canton on ne gouverne pas on essaye de gérer les crise !
au lieu d'avoir des gouvernants, on a des gestionnaires ! et quels gestionnaires ! Comme il y a 50 ans, pas les meilleurs ou au moins des compétant, mais les fils de, ou copains de,
et plus tard, donc aujourd'hui, on a les fils d'incompétant, ou fils incompétant mais fils d'un autre incompétant qui n'a pas pris les bonnes décisions y a quelques décennies !

Anonyme a dit…

La si les oppositions ( tres petites ,n’aimant pas trop se mouillées par ses grand temps de pluies abondantes depuis 2ans ) essayaient de lire et comprendre ce qu’il se trame a la comcom ( en plus de l’eau ,des fuites et des bidouillages entre copains très intéressés ;;;;;;;) au niveau des PLU ,mais c’est énorme ( ne nous dites pas pas que vous ne pouvez rien faire , surtout pas ), c’est une arnaque d’un niveau a peine pensable;
Les oppositions ne peuvent elles pas faire une petition ,quand elles voient, savent et sont persuadées que nous sommes devant un scandale
Inimaginable (partout en France , sau chez nous ) , qui pourrait s’appeler « la spoliation a la tête du citoyen . »
Prenez les projets de la comcom a UGO et HUET et cherchez bien les Erreurs .
TOUS les Jours , tous les jours ,,,,,,on découvre un lot de bidouillage salle …… il est impossible que les oppositions ne soient pas au courrant.
Impossible ( c’est plus copinage ,c’est du mafiosage )

Anonyme a dit…

Pour être gestionnaire faut être formé...qui doit présenter un acte d'aptitude pour être élu ?

Anonyme a dit…

Et pourquoi ces magouilles ne sont pas dénoncées ?