jeudi, mars 09, 2023

Payer l'eau à son juste prix. Pourquoi les habitants du Pays de Fayence risquent de voir leur facture d'eau augmenter

La sécheresse et la vétusté de certains réseaux d’eau dans des villages de la communauté de communes du Pays de Fayence étaient au centre des préoccupations de la réunion publique en octobre 2022 à ce sujet. Rappel  article de Var Matin 31/10/2022 par Christian Godet

Désormais, payer l’eau à son juste prix: telle était l’idée qui se dégageait du discours de Jean-Yves Huet, maire de Montauroux et premier vice-président de la Communauté de communes du Pays de Fayence, s’adressant aux personnes invitées par l’association des usagers de l’eau à participer, dans la salle du Coulet à Tourrettes, à la réunion d’information sur "l’eau en Pays de Fayence".

Et ils étaient près de 250, dont plusieurs sont restés debout, venus écouter et poser les questions qui les préoccupent, tant il est vrai que le Pays de Fayence fait l’objet d’une attention particulière sur ce sujet depuis le mois de mai dernier.

En filigrane, des hausses de tarifs à venir

Une chose est sûre, et les maires concernés l’ont reconnu lors de cette réunion, les réseaux sont en mauvais état dans certains villages, comme à Seillans et Montauroux, entre autres, "car nous n’avons pas fait payer l’eau assez chère et c’est là que nous sommes responsables vis-à-vis de nos administrés en ne leur imposant pas de hausse de tarif... Il va falloir payer l’eau à son juste prix désormais", selon Jean-Yves Huet.

Lors de la dernière réunion du conseil d'exploitation de l'eau le 7 mars 2023,  le montant des investissements nécessaires pour la modernisation des réseaux, réductions de pression  fut annoncée. Ce sont 50 millions d'€ qui ont été évalués par la Régie de l'eau.  A rapprocher du billet du 26/2/2023  sur le conseil d'explotation de l'eau du 17 février


 
Bien sûr, même si le mauvais état des réseaux est évident et reconnu, il fallait que cette réunion traite aussi de l’état de sécheresse avec un bilan météorologique et hydrologique, revenir sur la gestion de la pénurie d’eau de l’été dernier, parler des actions en cours et à venir et prodiguer quelques conseils pour réduire les consommations d’eau individuelles.

Pour cela, l’association des usagers de l’eau avait fait appel à Aurélien Chartier, directeur de la prévision des risques et gestion de l’eau du Syndicat mixte inondation aménagement et gestion de l’eau et à Eric Martel, directeur de la régie de l’eau intercommunale du Pays de Fayence.

Alors, quelles solutions entrevoit-on? "Les conflits d’usages sont difficiles à maîtriser et contrôler mais il faut penser au stockage, à la diversification des réseaux, leur sécurisation, le maillage, la baisse des consommateurs en eau en stoppant l’urbanisation et en économisant l’eau dans l’habitat", expliquent les intervenants.

 

Le Smiage a également lancé une étude pour sécuriser et préserver les zones de ressources en eau, dont les résultats sont prévus pour 2025.

Et la Régie de l’eau a présenté son plan d’actions.

La Régie de l’eau et son plan d’actions

Le directeur de la Régie de l’eau Eric Martel a présenté les actions de cette dernière, répondant à toutes les questions embarrassantes que les participants n’ont pas manqué de lui poser.

"Je tiens à féliciter les usagers du Pays de Fayence car la consommation d’eau pendant l’été 2022 a été remarquablement inférieure de 30% à la consommation 2021 au 15 août, ce qui a permis de passer l’été sans coupure d’eau", a-t-il lancé.

"Le forage de la Barrière à Montauroux ne peut plus fournir d’eau, il en reste à Tassy mais la situation de la Siagnole est critique, la baisse continue avec moins 20 L/sec. chaque semaine et à fin octobre, il est probable que la consommation d’eau sera supérieure à la ressource Siagnole. Nous sommes très près de la rupture".

Il a aussi précisé, concernant Seillans, qu’"à ce jour, l’étanchéité du réseau a été fortement améliorée et elle est passée à 65%, soit 10% de mieux qu’il y a un an. La Régie a fait de gros efforts pour réparer les fuites".

C’est à ce moment là que Bernard Henry, maire de Fayence et vice-président de la Communauté de communes, en charge de l’eau et assainissement, a évoqué "une uniformisation des prix dans tout le Pays de Fayence à l’échéance de 10 ans. Pour le moment, les politiques entre les communes ont été trop différentes et les prix également... L’uniformisation est difficile".

Recherche des fuites, réparation de conduits...

"La Régie de l’eau n’a que 3 ans, alors laissons la grandir en lui laissant du temps. Soyons exigeants, mais tolérants", a ajouté l’édile fayençois. La Régie se dote d’un plan d’action en quatre points.

Tout d’abord, la réduction des pertes d’eau (87 L en 2021, 70 L à ce jour), l’abaissement des pressions à moins 10 bars, la recherche systématique des fuites (87 km sur 480 de réseau parcourus en 2022) et la radio relève des compteurs permettant de déceler les fuites chez les usagers.

Autre question abordée, celle de la gestion patrimoniale du réseau pour laquelle la Régie budgétise 2,2 millions d’euros par an et aussi 2 millions par an qui permettent de remplacer 5,25 km de conduite.

"À ce rythme, il faudra 100 ans pour refaire tout le réseau". Sauf si les tarifs de l’eau augmentent.

Le rôle du Smiage

Le Smiage (Syndicat mixte inondation aménagement et gestion de l’eau) assure la gestion des bassins versants du fleuve Var et des fleuves côtiers des départements des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence et du Var en partie, soit 5.300 km².

Le Pays de Fayence, qui compte actuellement 28.550 habitants dont 17.660 abonnés, relève du fait de ses réseaux hydrographiques du Smiage.

"Depuis 1889, c’est l’année la plus sèche!"

Pour information, la seule source d’alimentation du territoire, en grande partie, est la Siagnole avec ses 524 km de réseaux de distribution et ses 38 réservoirs de stockage.

Aurélien Chartier l’a rappelé: "Depuis 1889, c’est l’année la plus sèche qui soit observée, il manque 60% de ressources en eau en 2022 pour les Alpes-Maritimes et 65% pour le Var. Il n’y a pas de stock de neige ni de remplissage des karsts (structures géomorphologiques résultant de l’érosion hydrochimique et hydraulique de toutes roches solubles, principalement de roches carbonatées dont essentiellement des calcaires, ndlr) qui réalimente nos rivières et nos sources toute l’année".

Le Smiage a lancé une étude météorologique et changements climatiques, dont le rendu est attendu pour 2023, "mais il est quasiment sûr qu’elle sera déficitaire".

Quelques bonnes nouvelles toutefois?

Quelques bonnes nouvelles seraient cependant à envisager... Concernant les nouvelles ressources, un nouveau bassin sera construit au Jas Neuf et la société du Canal de Provence va examiner la possibilité de prélever 30 litres par seconde dans le lac de Saint-Cassien, ce qui représente un peu moins d’un million de mètres cubes par an et pour promouvoir l’économie, la régie facilitera la pose de robinets mousseurs économes et encouragera la modernisation des usages agricoles.

Au jeu des questions réponses, un premier usager a pris la parole: "Le nouveau bâtiment de la Régie de l’eau a coûté plusieurs million d’euros... Cet argent n’aurait-il pas été mieux employé à la réfection des réseaux?"

Pour Eric Martel, "l’ancien bâtiment du Sivom n’était plus adapté et nous possédons aujourd’hui un vrai et bel outil de travail qui nous a permis de faire face à cet été difficile".

Au tour de ce Seillanais du quartier de Sainte-Brigitte: "On va rêver qu’il pleuve en décembre... Sinon comment allez-vous nous approvisionner en eau?".

Réponse encore de M. Martel, "Sainte-Brigitte, c’est un peu notre laboratoire sur la sécheresse... La phase suivante sera certainement des coupures d’eau le soir pour que les bassins se remplissent et donc derrière, la distribution de bouteilles car après une coupure, l’eau est impropre à la consommation".

Marjorie Ughetto, naturaliste très connue s’adresse aux élus: "Vous avez mis des techniciens face à nous pour vous éviter de nous parler de ces problèmes... Ce n’est pas que la faute de la sécheresse, c’est aussi la vôtre".

Ce qu’a reconnu le maire de Montauroux, Jean-Yves Huet, sans se défiler.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mme Ughetto a été méprisée par (dans l’ordre ) Huet , Martel et enfin Hugo …)
Qu’elle se rassure Ces gens la Méprise tous leurs administrés . C’est leur personnalité profonde .
Les autres Maires sont inexistant ,c’est des Bénis oui oui .

Anonyme a dit…

Bel outil de travail? L'argent coule plus facilement que l'eau .A l'époque du télétravail , n'était il pas possible que les différents services puissent travailler à distance? et réserver ce pactole à une partie des 35% de fuites?
Une question ,si une personne peut renseigner; surface des bureaux et soldes des "hauts responsables"?

Anonyme a dit…

Oui il y en a qui peuvent , mais premièrement ils feront insulter par les tartuffes protégés et inutiles ( c a d les incultes scientifiques , vous savez ces gens qui brillent dans les soirées mondaines avec une haleine de chacal …) et les chiffres qu’ils vous donneront seront comme toujours censurés et ressortirons. ( 5 ou 6 jours aprés ) comme si le grand chef les avait trouvés . On ne peut pas avancer sur ce blog c’est fini .
Une chose sure ils vivent bien ,et le niveau de leur solde a considerablement .