Source les Echos par Christophe Palierse
A l'heure où le débat sur la gestion de l'eau est reparti de plus belle avec la dernière période de sécheresse , Veolia prend une initiative qui devrait faire date. Le géant français de l'environnement, qui planche depuis bientôt vingt ans sur la réutilisation des eaux usées, a décidé de déployer un dispositif en ce sens à l'ensemble de ses stations d'épuration en France pour lesquelles celui-ci serait pertinent.
De fait, 100 stations, sur les 2.600 environ qu'opère Veolia dans l'Hexagone (la majorité sont des petites unités), sont potentiellement concernées, sur la base de deux critères : le volume de consommation d'eau localement, et l'importance du prélèvement direct de ressource hydrique. Au total, environ 3 millions de m3 d'eau potable seraient ainsi préservés, soit, précise Veolia, l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 180.000 habitants. Une économie colossale, même si cette eau recyclée n'a pas vocation à être bue.
Irrigation
Dans un premier temps, explique le groupe, l'eau recyclée remplacera l'eau potable nécessaire au fonctionnement et à l'entretien des stations d'épuration. Par la suite, Veolia table sur une extension de son usage à des travaux agricoles ou industriels, notamment l'irrigation et le nettoyage de voiries, sous réserve de l'obtention des autorisations nécessaires.
Veolia mène déjà une expérimentation pour l'arrosage avec des eaux usées retraitées d'un vignoble, à Gruissan (Aude), et a un projet pilote pour l'irrigation de champs de maïs dans les Pyrénées-Atlantiques. Le groupe accompagne aussi des collectivités locales : Sainte-Maxime (Var) pour l'arrosage au goutte-à-goutte d'espaces verts ; Pornic (Loire-Atlantique), pour le maintien d'une zone humide urbaine lors de la saison touristique ; Cabourg et Deauville (Calvados), où les eaux usées retraitées servent à la propreté en ville.
« Nous avons d'autres projets avec des clients industriels et des collectivités locales. La technologie est éprouvée », indique le directeur général de Veolia Eau France, Pierre Ribaute. En conséquence, Veolia prévoit déjà d'équiper une trentaine de stations avec son dispositif ad hoc, fabriqué en France dans plusieurs de ses ateliers.
Haute qualité
La solution consiste en une unité de production d'eau d'une taille compacte - sa longueur est de l'ordre de quatre à cinq mètres et sa largeur de deux mètres environ - et doté d'un système de filtration suffisamment puissant pour produire de l'eau de « haute qualité » à partir d'eaux usées traitées. « On récupère une partie de flux auquel on applique un traitement supplémentaire au lieu de laisser filer dans la rivière après le traitement en station. On en fait quelque chose. C'est le principe de l'économie circulaire », résume Pierre Ribaute. Veolia fait déjà tourner des versions pilotes dans ses stations d'épuration de Narbonne (Aude) et Rodez (Aveyron).
Le groupe prépare même l'étape suivante avec le projet d'unité d'affinage que lui a confié le syndicat départemental Vendée Eau , dont la première pierre a été officiellement posée au début du mois aux Sables d'Olonne (la construction a commencé en février). Il s'agit d'un démonstrateur d'un ambitieux programme de recherche et développement, soutenu par les collectivités locales, les pouvoirs publics et l'Union européenne. Ce site de production d'eau de très haute qualité à partir d'eaux usées est une première en Europe.
Chez Veolia, on souligne que le potentiel d'utilisation des eaux usées traitées est colossal en France. Le taux y est inférieur à 1 %, à comparer à 8 % en Italie, 15 % en Espagne et même proche de 90 % en Israël. « Nous avons besoin d'aller vite. L'Espagne, c'est la France de demain », prévient son directeur général Eau France, alors que Veolia est très actif à l'étranger dans ce domaine de l'utilisation des eaux usées traitées.
Le groupe français a notamment - en partenariat - une usine d'avant-garde à Windhoek en Namibie. Le complexe, géré depuis 2002, transforme des eaux usées en eau potable pour plus de 400.000 habitants. Par ailleurs, Veolia retraite des eaux usées pour des usages industriels en Afrique du Sud (Durban) et en Australie (Sydney).
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