Cet article de Var Matin nous renseigne sur les risques de tremblement de terre dans notre région.
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Les récents tremblements de terre en Italie ont ravivé l'inquiétude : un événement similaire peut-il se produire dans notre région ? Et pourquoi pas autour du massif volcanique de l'Estérel ? Var Matin a interrogé Christophe Larroque géologue spécialiste de sismicité.
Hélas. quitte à décevoir d'emblée les plus enthousiastes d'entre vous, on ne peut débuter cette enquête sans une mise en garde de rigueur : non, à la fin du dossier, vous ne saurez pas à quelle date, où, ni à quelle heure un séisme de magnitude x ou y surviendra près de chez vous. Maintenant que nous nous sommes débarrassés des optimistes béats. penchons-nous un peu plus près sur ce que l'on peut dire au sujet des tremblements de terre dans le Sud-Est de la France. Pour ce faire. donnons tout d'abord la parole au sismologue enseignant et chercheur Christophe Larroque, expert en sismologie régionale au sein du laboratoire Géoazur. de l'observatoire de la Côte d'Azur, situé à Sophia-Antipolis.Voir cette vidéo de Christophe Larroque sur GeoAzur
VM: Tout d'abord, à quoi sont dus les séismes de notre région ?
L'origine de la sismicité dans notre région est débattue à l'heure actuelle. Le Sud-Est de la France se trouve dans un carrefour tectonique particulièrement complexe avec trois événements principaux. D'abord citons la remontée de la plaque Afrique vers le Nord, à une vitesse de quelques millimètres par an, par rapport à la plaque Europe qui se trouve stable.
L'essentiel des déformations liées à cette remontée est concentré dans les chaînes d'Afrique du Nord. Le deuxième processus complexe qui se déroule en parallèle est la rotation de la micro-plaque adriatique. Et enfin, la déformation interne de la chaîne alpine elle-même. Tous ces éléments concourent pour produire la sismicité que l'on observe à l'heure actuelle dans la région.
VM: Que se dégage-t-il des observations, comment se caractérisent les séismes dans la région ?
On observe ce qu'on appelle des micro-séismes régulièrement dans le Sud-Est de la France, que l'épicentre se trouve à terre ou en mer. C'est quelque chose de bien connu. Et de temps en temps, environ tous les quatre ou cinq ans, il y a un séisme modéré qui se produit, comme celui survenu près de Barcelonnette en février 2012, de magnitude 4,9. Voir cette vidéo de Christophe Larroque après de ce séisme.À noter que les tirs de mines dans les carrières, de magnitude plus ou moins 1, sont techniquement des micro-séismes... Un micro-séisme est un tremblement de terre dont la magnitude sur l'échelle de Richter est inférieure à 3 (voir échelle de Richter plus loin; c'est une échelle logarithmique). II n'est quasiment pas perceptible.
VM: A partir de ces relevés, quelles prédictions peut-on établir ?
Il faut d'abord avoir en tète que c'est seulement depuis quelques décennies que l'on mesure précisément quelque chose qui se produit depuis des millions d'années. C'est comme étudier quelque chose que l'on regarderait par le trou de ta serrure... C'est pourquoi les sismologues se sont toujours montrés très prudents et qu'il est impossible, évidemment, de prévoir un séisme. Certes, nos appareils sont de plus en plus performants – sismomètre précis, GPS pour la déformation de surface, ordinateurs dernière génération... – on peut ainsi dégager des modèles informatiques à partir de nos mesures : on fait alors des prévisions sur de grandes tendances (dans quelle zone, quel genre de séisme, à quelle fréquence), mais pas « prévoir » dans le sens "météorologique". Concrètement, la sismicité est faible dans le Var, mais elle existe. Il n'y a pas de zone qui soit totalement à l'abri. Si l'on peut connaître un jour ici ce qu'ont connu les Italiens récemment? Hélas, on ne peut rien exclure...VM: Est-il important d'être conscient de cela ?
Tout à fait. Il est très important de respecter les normes parasismiques selon la réglementation. Des vies sont en jeu. Il faut être conscient que nous vivons dans une région à risque.VM: Par sa nature volcanique, le massif de l'Estérel joue-t-il un râle dans la sismicité ?
Non, qu'il soit d'origine volcanique ne change rien, car l'Estérel est issu d'un très vieux volcan qui n'est plus actif depuis environ 250 millions d'années. Ce massif est complètement déconnecté de toute activité sismique.VM: Sommes-nous à l'abri d'un tsunami ?
Non. C'est une menace qu'il convient de prendre au sérieux. Même si, avec une hauteur maximale estimée à 2 m, on parle plutôt d'un tsunami petit à modéré pour la Méditerranée, en comparaison de ce qui peut arriver en Asie, il peut faire des dégâts. C'est pas tellement la hauteur des vagues qui est dangereux, mais l'amplitude et la vitesse de la vague. Il y a deux cas : soit le tremblement de terre a lieu en Afrique du Nord, et cela nous laisse le temps de prévoir l'arrivée de la vaque et de réagir, soit l'épicentre est local et dans ce cas, ce n'est pas possible de réagir à temps. Le séisme survenu au large de l'Algérie en 2010, de magnitude 6,8, avait causé un tsunami qui s'est amoindri au fur et à mesure qu'il s'est déplacé vers le Nord, vers nous. Il faisait 2 m de haut au niveau des côtes aux Baléares, et environ 80cm de haut ensuite sur nos côtes. On l'a ressenti.VM: Pourra-t-on un jour vraiment prévoir un séisme ?
Il y a environ trente ans, on pouvait pratiquement répondre «jamais », tant comprendre la complexité de ce qui se tramait sous Terre était difficile. Depuis, on a fait des progrès considérables et on peut espérer un jour, probablement, arriver à prédire l'arrivée d'un séisme. Mais il est complètement impossible de dire quand !Source: Var Matin 26/11/2016 Nicolas PASCAL npascal@nicematin.fr
Normes parasismiques : Ce que la loi impose ?
S'appuyant sur des années de relevés scientifiques, le pays a été divisé en secteurs, qui met les constructeurs immobiliers face à différentes obligations selon le niveau de risque sismique (voir cette carte pour l'Est-Var). L'évolution des études a conduit à la mise à jour régulière de cette carte ainsi qu'à sa réglementation.
Rappelons qu'un séisme en lui-même ne tue pas. C'est la construction qui s'effondre qui peut être mortelle. L'objectif de la réglementation parasismique est la sauvegarde des vies humaines ».
Le bâti (neuf ou en rénovation) est ainsi classé en cinq catégories pour définir la nécessité ou non, selon la loi, (l'un dispositif parasismique.
Dans le Var, les communes sont classées de zone faible à moyenne. Dans l'Est-Var, cela varie entre faible (Fréjus, Saint-Raphaël. Roquebrune, Le Muy. Puget et tout le centre et le littoral) et modéré (Les Adrets, Bagnols, le pays de Fayence, Dracénie et Haut-Var sauf huit communes en zone moyenne).
Cette variation a son importance : pour la construction de votre villa, en zone faible, aucun dispositif parasismique n'est exigé, contrairement à la zone modérée ou moyenne.
Plus la catégorie est élevée, combinée à la zone, plus l'exigence est importante.
1e catégorie : bâtiment dans lequel il n'y a pas d'activité humaine nécessitant un séjour de longue durée (ex. un hangar).
2° catégorie : une habitation individuelle (une maison. une villa).
3e catégorie : habitation collective de hauteur inférieure à 28 nl, un établissement recevant du public. commerce/bureaux moins de 300 personnes. 1 catégorie : établissement scolaire, immeubles de plus de 28 m ou commerces/bureaux de plus de 300 personnes.
5e catégorie : bâtiments sécurité civile, défense, commissariat, production d'énergie, santé, etc.
L'échelle de Richter
La magnitude d'un tremblement de terre est une mesure de l'énergie libérée par un séisme. L'échelle de Richter, qui sert de référence depuis 1935 (affinée parla suite) a d'abord été adaptée aux séismes californiens.
À noter que le séisme le plus puissant jamais mesuré, atteignant la valeur de 9,5 fut celui de 1960 au Chili.
- Micro-séisme : moins de 1,9 sur l'échelle de Richter. C'est un tremblement de terre non ressenti (8000 par jour en moyenne dans le monde).
- Très mineur : 2 à 2,9. Généralement non ressenti mais détecté et/ou enregistré (1000 par jour).
- Mineur :3 à 3,9. Souvent ressenti sans causer de dommages (5o 000 par an). Léger : 4 à 4,9. Secousses notables d'objets à l'intérieur des maisons, bruits d'entrechoquement. Les dommages restent très légers (6000 par an).
- Modéré : 5 à 5,9. Peut causer des dommages significatifs à des édifices mal conçus dans des zones restreintes. Pas de dommages aux édifices bien construits (800 par an).
- Fort : 6 à 6,9. Peut provoquer des dommages sérieux sur plusieurs dizaines de kilomètres. Seuls les édifices adaptés résistent près du centre (120 par an).
- Très fort : 7 à 7,9. Peut provoquer des dommages sévères. Tous les édifices sont touchés près du centre (18 par an). Majeur : 8 à 8,9. Peut causer des dommages très sévères dans des zones à des centaines de kilomètres à la ronde. Dommages majeurs sur tous les édifices, y compris à des dizaines de kilomètres du centre (un par an).Dévastateur : 9 et plus. Dévaste des zones sur des centaines de kilomètres à la ronde. Dommages sur plus de mille kilomètres à la ronde (un à cinq par siècle).
Que des micro-séismes dans le Var
Sur la carte du Bureau central sismologique français qui retrace toutes les mesures de 1962 à (pratique ment) aujourd'hui, il apparait que, dans le Var, les séismes n'ont jamais dépassé une magnitude de 3 (points jaunes)... pour l'instant. La période de temps pendant laquelle ont lieu des mesures précises de tremblements de terre (en gros des années 1980 à aujourd'hui) ne représente quasiment rien par rapport à l'âge de la Terre. Ainsi. il est impossible de dégager des modèles qui permettraient de connaître mieux les séismes de la région (nombre. intensité. séries, prédiction de tout ordre...) Cependant. les scientifiques s'accordent sur quelques généralités au vu des mesures : les épicentres des petits séismes relevés dans le Sud-Est sont un peu moins importants au fur et à mesure qu'on s'éloigne du massif alpin. Régulièrement, on note des micro-séismes dans notre département (quasiment toujours inférieurs à 3). A ce jour, le plus grand tremblement de terre connu dans notre zone géographique est survenu sur la côte ligure en 1887, au large d'Imperia. De magnitude 6.5 il a affecté une population totale de 80000 habitants causant, pour la seule Ligurie, 635 morts et 555 blessés, mais aussi dans les Alpes-Maritimes avec 8 morts et 51 blessés.
Ensuite. en Provence, le séisme de 1909 (épicentre à Lambesc, Bouches-du-Rhône) a été enregistré à une magnitude 6,2 et causant 46 morts et 250 blessés (avec ensuite des répliques autour de l'épicentre dont un vers Toulon).
Au cours du XX° siècle, les autres séismes (comme celui de Barcelonnette, de 4.9 en 2012 ou celui du 26 décembre 1989 près de Nice, de magnitude 4.5) n'ont pas dépassé 5.
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