lundi, mars 05, 2018

Jean-Yves Huet sur Var Matin ce 5/3/2018: un entretien sans langue de bois sur tous les sujets!

Maire de Montauroux depuis 2014, vice-président de la ComCom du Pays de Fayence en charge de l'urbanisme, ce médecin généraliste de 58 ans livre un bilan de mi-mandat et évoque des sujets d'actualité. En premier lieu, avec une grosse rancoeur, celui du futur lycée...

La question est d'actualité : quel est votre sentiment après la volte-face de la Région, ces jours derniers, concernant la construction du futur lycée de Montauroux?

Un gâchis. Ce lycée, on l'attend depuis une vingtaine d'années. Pour autant, les élus du territoire sont conscients qu'on n'est pas là pour passer avant tout le monde. Ils savaient pertinemment ce qui allait se passer quand, l'année dernière, M. Estrosi est venu nous annoncer la construction du lycée avec des dates précises, c'est-a-dire début des travaux septembre 2019 et ouverture septembre 2021.
On n'en attendait pas tant! Tout ce qu'on voulait connaitre, c'était la décision de principe. On savait déjà à l'époque qu'il y avait une « compétition » au niveau des lycées, avec Le Luc, le Golfe Hôtel, plus nécessaires peut-être en terme d'effectifs que le nôtre. Mais M. Estrosi nous a dit: on va faire les trois. Donc on était ravis et évidemment on a communiqué là-dessus en disant aux gens qu'on avait fait le boulot et qu'ils allaient avoir ce lycée en 2021. Et finalement, on apprend que deux lycées seulement seront faits. Les plus urgents, soit. Mais alors ce n'était pas la peine de nous donner un calendrier. Aujourd'hui les élus locaux que nous sommes, les élus de terrain, on passe pour des imbéciles et c'est â nous d'assumer ça.

C'était donc une promesse électorale, comme le dit François Cavallier?

C'était juste avant les élections législatives. On n'a pas de preuves mais que voulez-vous que nous pensions...

A mi-mandat, quelles sont vos plus belles satisfactions?

En tant que maire, d'avoir réalisé beaucoup de projets, à peu prés les trois quarts de ce que nous avions proposé à la population comme par exemple ta remise à neuf de la crèche. On a fait énormément de choses qui font qu'aujourd'hui, la commune est «dans les rails», elle répond aux exigences de matière de sécurité, de normes ce qui n'était pas le cas auparavant. Par contre, nous n'avons pas que des réussites.

C'est honnête de le reconnaitre! Quoi par exemple?

On n'arrive pas à faire en sorte que notre village continue à vivre, que te commerce du centre bourg se développe. Il disparait, petit à petit, par manque de fréquentation. Pour empêcher cela, nous avons beaucoup de mal...

Justement, parlons du projet Marie Blachère qui va générer une énorme concurrence pour les boulangers locaux et créer de l'insécurité routière...

Si Marie Blachére aujourd'hui n'ouvre pas, c'est à cause du (ou grâce au) maire de Montauroux  Après trois demandes d'autorisation de travaux et de permis de construire successifs, j'ai découvert qu'en réalité un show room de Costamagna se transformait en une grande surface de boulangerie! Ce qui revenait à changer complètement l'aspect de la sécurité routière à cet endroit là. Entre 50 et 500 personnes qui viennent chaque jour, ça n'a rien à voir.

J'ai immédiatement fait la démarche de convoquer les propriétaires de Costamagna et de Marie Blachère pour leur dire que ce n'était pas une façon de faire et que je leur interdirai d'ouvrir tant qu'ils n'auront pas fait le nécessaire pour la sécurité des usagers. Et je serai le premier à porter plainte au cas où il se produirait un accident grave.

Le Département avec son vice-président François Cavallier m'a emboité le pas, confirmant que l'autorisation d'ouverture ne sera pas donnée tant que ces aménagements ne seront pas réalisés, et ils sont très compliqués.

Le long de la RD 562 qui est déjà très saturée, pourquoi continuez-vous à délivrer des permis de construire comme celui accordée dans le prolongement du garage Ford?

Tout simplement parce que nous sommes encore sous le régime du Plan d'occupation des sols. Tout ce qui a été accepté au POS, on ne peut pas le refuser, on ne peut pas s'opposer à un permis s'il correspond au POS.

On a fait en sorte que le futur Plan local d'urbanisme soit réorganisé mais avant qu'il soit applicable, d'ici 5 ans, il y aura encore des constructions, conformes au POS.

Toujours en matière d'urbanisme, un permis a été accordé quartier de la Barrière en lieu et place des anciennes halles. Quelle enseigne va s'installer à cet endroit?

Dans ce quartier, un permis de construire a été accepté sous le régime du P05 et de mémoire. un bâtiment est en cours de construction. Autant que je sache après avoir reçu le propriétaire. il n'y a rien de prévu. Il construit ce bâtiment parce que demain dans le PLU, le terrain devient inconstructible. Donc tant qu'il a la possibilité, il construit avant qu'il ne soit trop tard! A priori, il n'y a pas là de projet commercial mais tout est possible... Souvent, quand on instruit les dossiers, on n'a pas la destination des locaux. Et quand bien méme, il y a des tas de bâtiments dont les destinations initiales ont changé.

Prenez Marie Blachére! Il y a là une succession de demandes d'urbanisme qui chacune prise individuellement sont valables et à la sortie, on s'aperçoit que si dès le départ il avait été question d'une boulangerie industrielle, on n'aurait peut-être pas pu s'y opposer mais on aurait demandé immédiatement des aménagements de sécurité. Je pense que chez Marie Blachère, on doit s'en mordre les doigts car le local n'ouvre pas et ils perdent du chiffre.

Sur la RD 562, les projets du rond-point de Fondurane et de contre-allées semblent au point mort. Pourquoi?

Parce que nous ne sommes pas maitres du foncier. Les réserves fonciéres qui avaient été faites à l'époque auraient dû étre validées de suite et aujourd'hui, le Département est soumis à la volonté des propriétaires qui demandent pour ces terrains des montants beaucoup trop importants. Une Déclaration d'utilité publique (DUP) a été lancée, qui là encore aurait pu étre lancée avant, et va suivre son cours. Mais cela va prendre encore quelques mois.


Fin décembre, on évoquait la décharge illégale située sur le terrain des soeurs Lopez, chemin de la Camiole. Où en est la procédure à l'encontre des gérants de la SCI de l'Apier et de son locataire la SARL FC Aménagements?

La procédure est en cours, elle est initiée par le préfet puisque l'interruption des travaux a été promulguée par lui-méme. J'ai appelé personnellement le procureur pour lui demander de faire avancer le dossier. Nous sommes tributaires des lenteurs de la justice. Pour le moment, il n'y a rien de concret.

Quel est votre souhait le plus cher pour cette deuxième moitié de mandat?

Des fois, je suis un petit peu découragé, par exemple quand je vois ce qui s'est passé pour le lycée. On se sent très seuls, nous les maires des petites communes, abandonnés et parfois aussi manipulés... Mais je suis heureux d'être maire de Montauroux. Notre commune ne marche pas si mal que ça, on a encore quelques projets â mettre en avant et j'espère qu'on pourra les lancer sur ces deux dernières années. Je souhaite que nos concitoyens soient heureux de vivre ici et qu'on les aide pour cela en leur offrant ce dont ils ont besoin.

C'est le rôle du maire de faire en sorte que les habitants vivent le mieux possible, dans le calme et dans l'harmonie.

Que préconisez-vous vous concernant l'itinéraire bis indispensable au développement du Pays de Fayence?

Chacun sait qu'en tant que maire de Montauroux, pour des raisons que certains diront bassement électorales car j'ai là un lotissement avec 1 500 personnes qui va être impacté directement par cette route, je m'oppose à ce projet. Pour moi, il n'a pas de justification sur beaucoup d'aspects. Premièrement, on dit que cette route va accélérer les transports en direction du Var est et ouest. C'est faux car aujourd'hui déjà, les voitures s'accumulent au niveau des deux ronds-points de l'autoroute. Le trajet dans la plaine sera un peu plus rapide mais au débouché le temps gagné continuera à être perdu en direction des grands centres urbains.

Sur le plan écologique, c'est une catastrophe. Cet itinéraire va traverser le dernier bois qui nous reste d'un seul tenant, le bois de l'Ermite. Enfin concernant la sécurité des poids lourds, des transports de matières dangereuses qui peuvent aujourd'hui tomber dans le lac, ce projet n'est pas une solution. Car les poids lourds n'emprunteront pas la route préconisée, à flanc de colline, avec des virages où les semi-remorques de toute façon ne pourront pas passer. Je pense qu'il est plus important pour nous aujourd'hui de réaliser sur la départementale des contre-allées, de manière à ce qu'on y circule mieux.

Il faut savoir qu'aujourd'hui, le Département n'a pas les moyens de réaliser ce nouvel axe et beaucoup d'autres chats à fouetter au niveau des infrastructures routières, à commencer par la déviation de Saint-Tropez qui est à mon avis beaucoup plus importante que la notre, ou celle de Pierrefeu qui avait été validée et vient d'être annulée par le conseil d'Etat pour des raisons écologiques. Donc, il faut bien dire aux gens que s'ils veulent cette route, ils ne l'auront pas avant 15 ans. Je pense qu'il faut être pragmatique et honnête envers la population.


PROPOS RECUEILLIS PAR EMERIC CHARPENTIER. Var Matin 5 mars 2018
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Même si je ne suis pas originaire de Provence, j'y habite et partage les soucis de ses habitants. Cependant une chose m'inquiète pour eux : le constat forcé qu'il y ait autant de "ravis de le crêche" dans cette région et notamment dans notre Canton. Même les édiles s'y mettent et croient au père noêl.
Se baser sur les assertions d'Estrosi, c'est d'une naiveté confondante, lorsque l'on constate les continuel changements de pieds de cet homme.