Les décharges illégales explosent dans le département, comme ici au Castellet. Photo Var Matin
Vingt décharges illégales ont été identifiées dans le Var en 2019. Des déchets qui proviennent souvent de chantiers des départements voisins. Les services de l’État se mobilisent pour le contrer
La mort de Jean-Mathieu Michel, durant l’été, avait mis en exergue la problématique des décharges illégales dans le département. Le maire de Signes avait été renversé et tué alors qu’il s’opposait à un dépôt de gravats non autorisé sur sa commune. Ce drame n’a ni inversé la tendance, ni induit une prise de conscience. « Nous constatons une recrudescence des installations illégales de décharges de déchets de chantier », traduit Jean-Pierre Laborde, directeur de la DREAL (Direction régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement).

Vingt décharges illégales identifiées

Ainsi, en 2019, vingt décharges illégales ont été identifiées dans le Var. « Un chiffre multiplié par quatre par rapport à 2018 », poursuit Jean-Pierre Laborde.
Il s’essaie à une explication : « Le Var tente beaucoup de personnes. Notre situation géographique, entre deux grandes métropoles qui ont de gros chantiers, Nice et Marseille, peut expliquer la présence de ces décharges à l’est et à l’ouest du département ».
De quoi préoccuper les services de l’État. Au premier rang desquels le préfet, Jean-Luc Videlaine. « C’est le point sur lequel il faut continuer l’action, avec des moyens importants afin d’être le plus opérant possible ». Une lutte qui passe forcément par des sanctions contre ceux qui sont identifiés. « Saisir le matériel et notamment les camions reste un moyen efficace. Plus des astreintes financières, avec des paiements à échéances régulières, tant qu’il n’y a pas réparation », insiste le préfet.
Sur ce point, il est suivi par les magistrats. « Nous devons ventiler les actions judiciaires pour être crédibles et démanteler ces organisations, qui sont parfois de la criminalité organisée », abonde Bernard Marchal, procureur de la république à Toulon.
Son homologue de Draguignan, Patrice Camberou, présente des données chiffrées. Ainsi, dans sa juridiction, 3,8 % des procédures concernent l’environnement.

Les mises en demeure  et les PV explosent

« Nous avons changé notre organisation avec deux magistrats qui se plongent sur ces dossiers, contre un seul avant. Nous essayons d’identifier les cas avec le plus fort impact sur l’environnement », plaide-t-il. Cela se traduit par une réponse graduelle, allant de la pédagogie (« nous faisons réparer et restituer »), puis « des amendes forfaitaires, qui ne nécessitent pas de longues procédures ».
Les cas les plus graves impliquent des poursuites judiciaires, notamment auprès d’une juridiction spécialisée à Marseille pour les grandes pollutions. « Pour chaque infraction constatée, il y a une suite pénale et administrative. Les mises en demeure ont été multipliées par deux et les procès-verbaux dressés par quatre entre 2018 et 2019 », abonde Jean-Pierre Laborde.
Pas encore suffisant, cependant, pour faire changer les mauvaises habitudes.