A propos de sécheresse camions citernes au réservoir Ste Brigitte à Seillans.

Suite au billet publié hier sur le tarissement des forages de Ste Brigitte à Seillans, et l'alimentation du réservoir Sainte Brigitte par camions citernes,  je reviens sur cette alerte sécheresse largement couverte par la presse locale et nationale.  vu la canicule du mois de mai 2022

J'ai revisité hier les sources de la Siagnole, principale ressource d'eau de notre territoire,  (visite précédente en décembre 2021).  C'est ici que se produit l'essentieil (plus de 80%) de l'eau brute transportée et distribuée aux réservoirs des communes du pays de Fayence, des Adrets de l'Esterel et Saint Jean de Cannes et du littoral, au réservoir de Gargalon et au camp militaire de Fréjus.

Il convient toujours, selon moi, de distinguer la production le transport et la distribution d'eau brute aux réservoirs des communes  et la distribution d'eau aux usagers abonnés par les réseaux communaux depuis les réservoirs. Pour rappel le réseau d'eau brute a un linéaire de 97km; le cumul des réseaux des communes  a un linéaire de 524km.

Avant d'exposer les constatations de ma visite des sources de la Siagnole, je voudrais rappeler le caractère spécifique du réseau communal de Seillans qui s'étage entre les cotes 230 et 732 du quartier l'Eouvière au quartier des Côtes longues à Sainte Brigitte. Ce réseau présente des faiblesses depuis longtemps, dues aux différenetes sources de production; j'avais publié le schéma directeur d'alimentation en eau potable SDAEP en 2005 avec l'accord du maire de la commune. Depuis, d'autres études ont été faites... dont la dernière du cabinaet OTEIS en 2015 Cette étude mettait en évidence un rendement faible du réseau (50%) dû à des fuites (voir ici). Un programme de travaux était aussi proposé (voir ici) .  Ces préconisations n'ont ps été suivies, dans l'attente de la mutualisation de l'eau au sein de la ComCom et de la création de la régie de l'eau, ce qu'a reconnu le maire de Seillans dans son entretien avec Var Matin  objet de mon billet précédent. 

J'en viens maintenant à ma visite des sources. 

Je n'ai plus accès aux données de mesure des débits (*); mais je ne vois pas de signes de tarissement ou d'étiage précoce. La source Neissoun ou captage romain est bien alimentée - la jauge à l'intéeiur de la fosse au lions est à plus de 20cm, et le débit de restitution à la rivière semble bien conforme à la règlementation. Les sources nouvelles qui se joignent à la source Jourdan sont aussi bien alimentées  et le venturi de restitution d'eau à la rivière fonctionne avec une hauteur de 30cm. Au total j'estime la production des 3 sources à plus de 350l/sec et le débit de la rivière à plus de 100l/sec, ce que plusieurs clips vidéos me semblent indiquer. Je ne peux pas mettre en ligne de photos ni de vidéos car le site est protégé.
(*) il n'est pas normal en société ouverte et transparente, de ne pas avoir d'accès à des  données aussi importantes pour la bonne gestion de l'eau brute du territoire car toute la production d'eau potable en dépend. Il nous faut les débits aux sources et au Jas Neuf et les prélèvements et hauteurs de la nappe aquifère en plaine de Fayence.

La chaleur exceptionnelle de mai et sa relation avec le changement climatique - bien réel - sont donc à prendre avec des pincettes. Cf cet article du nouvel Obs.

Cela dit, la capacité de production des sources de la Siagole est une constante, soit environ 9.5Millions de m3 par an (300l/sec en moyenne) avec des périodes d'étiage en été pouvant se prolonger en automne. La question est donc de savoir si cette ressource est compatible ou non avec la continuation de l'urbanisation croissante du territoire; urbanisation qui s'accompagne d'un fort taux de résidences secondaires  (27%) et d'une fréquentation touristique élévés que la ComCom encourage via sa compétence tourisme.

Au cours de son mandat de 25 ans au service du conseil général et de la collectivirté, la société mixte E2S (60% publique, 40% privé) a modernisé et sécurisé le réseau d'eau brute aux communes et a diversifié les ressources en eau, en équipant la plaine aquifère de Fayence de 4 sondages. Tassy 2 (DUP 56l/sec)  pour renforcer l'alimentation en eau des communes en aval; Tassy 1 15l/sec pour de l'eau agricole; et les deux forages de la Barrière (DUP 100l/sec). Ce sont donc 156l/sec qui s'ajoutent aux 300l/sec des sources soit 50% de plus; ce qui est énorme. Tout ceci fut permis par les recettes de la vente d'eau brute aux communes et au littoral au prix de 0.17€/m3 soit environ 2Millions d'€ par an. Qu'est devenue cette ressource financière qui permettrait de mailler davantage le réseau d'eau brute entre les communes.

N'empêche, les limites de l'urbaisation doivent être prises en compte. C'est la raison pour laquelle au sein de la ComCom, toutes les communes ont voté le gel de l'urbanisation jusqu'en 2035. Toutes nouvelles demandes de  permis de construire seront refusées au motif de l'eau. Et le dispositif a déjà commencé, mais pas pour tous.