"2022 a été l’année de la prise de conscience. D’habitude, les ressources sont consommées à 30%. Là, c’est 45% du stock d’eau disponible de la concession du canal de Provence, qui a été nécessaire."
Voilà le bilan dressé par les responsables de la SCP (Société du canal de Provence), dont les actionnaires sont à 80% des collectivités locales.
"La sécheresse, ce n’est pas un scoop en Provence", lance, un brin gouailleuse, Fabienne Joly, présidente de la SCP lors d’une visite à l’usine de potabilisation d’Hugueneuve à Ollioules. Le message s’articule en trois points: "L’eau, on en a. Même si on se la partage, on doit être dans la sobriété."
L’affirmation peut en faire sursauter certains, à l’heure où les premières restrictions sont déjà apparues dans le Var (1).
Concrètement, l’eau du canal de Provence coule des retenues de Castillon et Sainte-Croix, jusqu’au littoral (de Saint-Cyr à Saint-Raphaël), en passant par une frange rurale de l’ouest-Var (de Saint-Julien à La Cadière-d’Azur).
Cette eau représente 40% des besoins de la région, la moitié pour de l’eau potable.
La ligne de partage se situe donc entre les communes qui ont accès au canal et ceux qui en sont loin. "J’ai demandé au canal de Provence de développer les investissements et je pense avoir été entendu", a annoncé Jean-Louis Masson, le président du conseil départemental, prenant de l’avance sur le projet Var 2050 qu’il entend lancer lors des assises de l’eau, en mai.
"Des investissements à hauteur de 21 millions sont positionnés dès cette année. D’ici 2038, ce seront 300 millions, ce qui permettrait d’avoir l’ensemble du département relié au canal de Provence."
Une annonce significative, puisque le Var concentrerait à lui seul la moitié des investissements de toute la SCP, dont le territoire s’étant à Marseille et au Vaucluse.
"On va identifier les besoins et chercher les solutions. Cela ne veut pas dire forcément que ce sera le canal de Provence partout", nuance-t-on à la SCP.
"S’il y a la volonté politique, cela se fera, réagit Fabienne Joly. Le principe est bien de sécuriser tout le département, majoritairement via le canal de Provence."
Le plus souvent, le canal est une source d’appoint, si la ressource locale vient à manquer. "Sécuriser l’alimentation en eau d’une commune par le canal, cela ne veut pas dire s’arrêter d’utiliser ses propres forages, souligne Jean-Louis Masson. Mais avec le manque de pluie, l’année dernière comme cette année, beaucoup de réserves locales seront à sec."
Le canal de Provence est présenté comme "une assurance sécheresse". Amenée à grandir.
1. Bassins-versants du Gapeau, de l’Argens, de la Siagne amont et aval, en alerte sécheresse (2e niveau sur 4). Et Huveaune en crise (dernier niveau).
Par Sonia Bonnin Le 31/03/23 à 21h15 ● MàJ 31/03/23 à 20h45
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