samedi, avril 01, 2023

Sobriété, nucléaire, agriculture... Les 5 grands axes du plan Eau de Macron

Emmanuel Macron annonce ce jeudi 30 mars, depuis les  Hautes-Alpes, une cinquantaine de mesures pour améliorer la gestion de l’eau en France.

ENVIRONNEMENT - Un plan massif et multidimensionnel. Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi 30 mars, depuis Savines-le-Lac dans les Hautes-Alpes, une cinquantaine de mesures pour améliorer la gestion de l’eau en France. Et ce alors que les sécheresses vont devenir de plus en plus récurrentes avec le changement climatique, et que la France sort déjà d’un hiver historiquement sec.

Une stratégie qui se concentre sur cinq grands axes, avec des mesures sur plus ou moins long terme. Avec au cœur une idée directrice, comme l’a expliqué le président de la République, promettant qu’un « plan de sobriété » sur l’eau serait mis en place « d’ici à l’été », dans « tous les secteurs ». Cela parce qu’il redoute, comme les spécialistes du sujet, des « situations de grand stress à l’été prochain » dans certaines communes.

Un EcoWatt comme pour l’électricité

Citant « l’énergie, l’industrie, le tourisme, les loisirs, l’agriculture », le chef de l’État a appelé à la responsabilisation de chacun concernant l’utilisation de l’eau. À cet égard, il a annoncé la mise en place d’un « EcoWatt de l’eau » sur le modèle de l’instrument mis en place pour surveiller et réduire la consommation d’électricité pendant l’hiver.

« On aura cet outil disponible dès le début de l’été pour que chaque Français, chaque agriculteur, chaque maire, chaque chef d’entreprise, puisse connaître les gestes à adapter, de manière très transparente, et l’évolution de la situation », a-t-il précisé.

Lutter contre les fuites et moderniser les réseaux

Dans de nombreux territoires, « nous avons des réseaux d’eau qui connaissent des fuites importantes », a déploré Emmanuel Macron ce jeudi. À l’échelle nationale, « on a 1 litre sur 5 qui est perdu à cause des fuites », a martelé le président.

L’été dernier, un document de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement et de l’Office de la biodiversité (OFB) indiquait en effet que plus de 937 millions de mètres cubes d’eau avait été perdus sur l’année 2020 en raison des fuites, soit « l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 18 millions d’habitants ».

Il promet pour pallier ce gâchis des investissements pour limiter les fuites de nos infrastructures, avec à la clé une enveloppe de 180 millions d’euros ainsi qu’un fonds mobilisant la banque des territoires et la caisse des dépôts et consignations.

Des fonds qui « seront confirmés chaque année pour résorber les points noirs et nous permettre d’avancer », a ajouté Emmanuel Macron. Le plan précise que ces aides aux collectivités seront « conditionnées à des objectifs de performance de gestion de leur patrimoine ». Ces « points noirs » où les taux de fuite sont supérieurs à 50%, sont au nombre de 170 en France, indique l’exécutif sans préciser exactement où ils se situent.


Des travaux de sécurisation seront également réalisés dans les 2 000 communes qui se sont retrouvées proches d’une situation de rupture d’approvisionnement en eau potable lors de la sécheresse de l’été dernier. Ces investissements visent plus globalement à moderniser les réseaux de transports de l’eau en France, qui pour la plupart datent des années 50 ou 60, avec pour objectif « d’organiser la sobriété au plus près des territoires ».

Adapter les centrales nucléaires

Alors que les centrales nucléaires sont les troisièmes consommatrices d’eau en France, Emmanuel Macron a mis l’accent sur la nécessité d’adapter nos centrales nucléaires à l’augmentation des températures. Pour l’heure, et puisque la ressource leur permet de se refroidir, elles représentent « 51 % des prélèvements et 12 % de la consommation ».

« On doit adapter nos centrales nucléaires au changement climatique en engageant un vaste programme d’investissement pour faire des économies d’eau et permettre de fonctionner beaucoup plus en circuit fermé », a donc déclaré le chef de l’État.

Concernant le secteur hydroélectrique, et les barrages qui souffrent d’une baisse de leur niveau de remplissage avec les sécheresses, le président a souhaité que s’engage « un dialogue de territoire » pour « définir les règles les plus adaptées au partage du bien commun ».

Mettre le cap sur la réutilisation des eaux usées

Déplorant le retard de l’Hexagone sur le traitement de ces « eaux grises », notamment par rapport à d’autres pays comme Israël, Emmanuel Macron veut développer les techniques de réutilisation des eaux usées traitées, généralement abrégées en « Réut ».

Pour lui, la France doit atteindre 10 % de réutilisation de ses eaux usées, contre moins de 1 % aujourd’hui, a annoncé le président. « Pour ça, nous avons décidé de lancer 1 000 projets en cinq ans pour recycler et réutiliser l’eau » et « in fine, nous voulons réutiliser 300 millions de mètres cubes, soit 3 piscines olympiques par commune (...) ou 3 500 bouteilles d’eau par Français et par an », a déclaré le président.

Transformer le modèle agricole

Sur le changement du modèle agricole, Emmanuel Macron annonce sa volonté « de maximiser la capacité de notre principal outil de stockage de l’eau, qui sont nos sols. Des sols en meilleure santé avec plus d’arbres, qui stockent mieux l’eau et qui favorisent la recharge des nappes. » Certaines de nos productions agricoles vont même devoir « migrer », nous allons devoir « réinventer » de nouveaux modèles avec le changement climatique, a-t-elle encore détaillé.

Concernant les retenues artificielles, comme les méga-bassines telles que celles qui ont été le théâtre d’affrontements à Sainte-Soline samedi, elles « devront donc être d’abord inscrites dans des projets de territoire concertés, notamment avec les collectivités territoriales et fondées sur des projections scientifiques. »

« Il ne s’agit pas de privatiser l’eau. Ou de permettre à certains de se l’approprier », a-t-il encore déclaré, en répétant que l’eau était « indispensable à notre souveraineté alimentaire ». Mais il a demandé que les futurs ouvrages soient conditionnés à des « changements de pratiques significatifs », à commencer par des économies d’eau et une réduction de l’usage des pesticides par les agriculteurs.

Pour mettre en place ces mesures sur le terrain, Emmanuel Macron annonce que le budget des Agences de l’eau serait augmenté de 500 millions d’euros par an. « C’est l’effort dont on a besoin pour déclencher au total environ six milliards de plus dans l’économie de l’eau chaque année », assure le président de la République, annonçant que le plafond de dépenses de ces agences sera supprimé. « C’est un vrai effort de la Nation. »

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Jupiter est allé à Savines , il a étendu sa main sur l'eau (après avoir marché dessus) et la pluie est tombée. Alleluia !