Après son cancer, Noël Rozé a dit adieu aux pesticides
Jamais
il n’aurait imaginé devenir agriculteur bio. Pourtant, du jour au
lendemain, Noël Rozé a pris ce virage radical. Pour sauver sa peau à la
suite d’un cancer. Depuis, il ne s’en porte que mieux.
Il y a trois ans, si on l’avait mis en garde contre les pesticides, il en aurait rigolé. Mais arrive le 30 novembre 2014 : « Le
soir, j’ai senti une grosse boule dans mon cou, près de la clavicule.
Ça m’a fait un choc. J’ai aussitôt pensé à mon père, au cancer… » Noël Rozé, 49 ans, agriculteur à Caro, dans le Morbihan, court chez son toubib. « Ça n’a pas traîné. » Lymphome… Ablations, sur toute la chaîne ganglionnaire, du cou jusqu’à la vessie. Puis chimiothérapie.
Solide gaillard, jovial et chaleureux, Noël revient de très loin. Il s’en est sorti, touche du bois, mais reste « toujours fatigué ». Son médecin et son cancérologue ont été formels : « Soit je continuais et j’y restais, soit je changeais de métier ou de façon de travailler. »
Pendant sa convalescence douloureuse, Noël, marié, père de deux filles, prend alors tout le temps de réfléchir. Quelques semaines auparavant, il avait semé du lupin d’hiver traité. « Ça puait, mais je n’avais pas fait attention. » Sans masque ni gants, comme d’habitude. Bien souvent, comme tous ses collègues, « après les traitements, on sort de là avec d’affreuses migraines, des nausées, des diarrhées, avec le nez qui saigne ».
Noël repense alors à son père : « Il a été foudroyé, à 41 ans, d’un cancer de l’œsophage. » Il se souvient de ses mains, « toutes jaunes : les colorants nitrés… » Il manipulait tout le temps les pesticides. « Faisait des épandages pour lui, mais aussi chez les voisins. » Sans précaution particulière.
Et pourtant, finalement il se décide. Ce virage radical, il le prend. Terminé les pesticides. « C’est quand même malheureux d’être obligé de s’habiller comme un cosmonaute pour aller semer ses champs ! » Il fait alors basculer son exploitation dans le bio. Zéro culture de céréales, « mais que du fourrage pour [ses] bêtes », une centaine de vaches laitières sur 170 ha.
Depuis décembre, il peut vendre son lait bio « 430 € la tonne ». Il est « heureux ». Grâce à son autonomie fourragère, il n’achète plus rien, il a « peu de frais ». « Je suis libre et je retrouve le plaisir de mon métier. » Il est fier de ses champs, « tout est propre ». En cette saison, « c’est tellement beau… » Et son porte-monnaie comme ses vaches « ne s’en portent que mieux ».
Convaincu, Noël rejoint le Collectif de soutien aux victimes de pesticides, fondé par Michel Besnard. Comme des dizaines d’autres paysans bretons, techniciens d’espaces verts, etc. Ils essaient de faire reconnaître leurs cancers, leurs maladies neurodégénératives, leurs Parkinson, comme des maladies professionnelles. Mais se heurtent à de véritables parcours du combattant. Pourtant, « ça bouge dans les campagnes », assure Noël. Beaucoup de ses collègues se posent « des questions ».
La prise de conscience est même double, ajoute-t-il : « Sanitaire, pour nous, notre famille, nos voisins, nos consommateurs. Mais aussi économique : ce système est à bout. »
Cette course sans fin pour la quantité, « ce n’est plus la peine ». Noël conclut : « Mieux vaut faire de la qualité en prenant soin de tout le monde. »
Source: ouest-france.fr Christophe Violette.
Solide gaillard, jovial et chaleureux, Noël revient de très loin. Il s’en est sorti, touche du bois, mais reste « toujours fatigué ». Son médecin et son cancérologue ont été formels : « Soit je continuais et j’y restais, soit je changeais de métier ou de façon de travailler. »
Pendant sa convalescence douloureuse, Noël, marié, père de deux filles, prend alors tout le temps de réfléchir. Quelques semaines auparavant, il avait semé du lupin d’hiver traité. « Ça puait, mais je n’avais pas fait attention. » Sans masque ni gants, comme d’habitude. Bien souvent, comme tous ses collègues, « après les traitements, on sort de là avec d’affreuses migraines, des nausées, des diarrhées, avec le nez qui saigne ».
Noël repense alors à son père : « Il a été foudroyé, à 41 ans, d’un cancer de l’œsophage. » Il se souvient de ses mains, « toutes jaunes : les colorants nitrés… » Il manipulait tout le temps les pesticides. « Faisait des épandages pour lui, mais aussi chez les voisins. » Sans précaution particulière.
Rien d’un militant écolo
Alors Noël rumine. Il prend le temps de repenser à tout ça, « à tous [ses] collègues malades, morts parfois ». Noël n’a rien d’un militant écolo. Il est le parfait cultivateur breton, éleveur laitier classique, président de la Coordination rurale de Bretagne. Lui qui regardait le bio « à distance, avec un bon sens paysan, en souriant », mais sans « jamais avoir été tenté », préférait « mettre trois fongicides plutôt qu’un » : « Je ne voulais pas prendre de risques avec mes cultures ! »Et pourtant, finalement il se décide. Ce virage radical, il le prend. Terminé les pesticides. « C’est quand même malheureux d’être obligé de s’habiller comme un cosmonaute pour aller semer ses champs ! » Il fait alors basculer son exploitation dans le bio. Zéro culture de céréales, « mais que du fourrage pour [ses] bêtes », une centaine de vaches laitières sur 170 ha.
Depuis décembre, il peut vendre son lait bio « 430 € la tonne ». Il est « heureux ». Grâce à son autonomie fourragère, il n’achète plus rien, il a « peu de frais ». « Je suis libre et je retrouve le plaisir de mon métier. » Il est fier de ses champs, « tout est propre ». En cette saison, « c’est tellement beau… » Et son porte-monnaie comme ses vaches « ne s’en portent que mieux ».
Convaincu, Noël rejoint le Collectif de soutien aux victimes de pesticides, fondé par Michel Besnard. Comme des dizaines d’autres paysans bretons, techniciens d’espaces verts, etc. Ils essaient de faire reconnaître leurs cancers, leurs maladies neurodégénératives, leurs Parkinson, comme des maladies professionnelles. Mais se heurtent à de véritables parcours du combattant. Pourtant, « ça bouge dans les campagnes », assure Noël. Beaucoup de ses collègues se posent « des questions ».
La prise de conscience est même double, ajoute-t-il : « Sanitaire, pour nous, notre famille, nos voisins, nos consommateurs. Mais aussi économique : ce système est à bout. »
Cette course sans fin pour la quantité, « ce n’est plus la peine ». Noël conclut : « Mieux vaut faire de la qualité en prenant soin de tout le monde. »
Source: ouest-france.fr Christophe Violette.
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