lundi, juin 27, 2022

En ce temps de sécheresse ici dans le Var... que penser des dictons météo

In­gé­nieure à Mé­téo-France à Aix-en-Pro­vence, Hélène Corréa  ex­plique pour­quoi quelques-uns pou­vaient avoir « une cer­taine réa­li­té » et pour­quoi les mé­téo­ro­lo­gistes se trompent par­fois.

La mé­téo­ro­lo­gie est née vrai­ment à la fin du XIXe siècle entre 1850 et 1870. Mé­téo France n’a été créée par dé­cret que le 18 juin 1993. Hé­lène Cor­réa y est in­gé­nieure. Elle ne bat pas en brèche tous les dic­tons, mais rap­pelle que les pré­vi­sions mé­téo­ro­lo­giques sont une science, qui ana­lyse le chaos de l’at­mo­sphère. Et ce n’est pas fa­cile tous les jours.

Les dic­tons sont-ils com­plè­te­ment lou­foques ?

Les dic­tons, Mé­téo France ne s’en oc­cupe pas. Ce­pen­dant cer­tains, quand ils sont ba­sés sur l’ob­ser­va­tion, peuvent avoir une cer­taine réa­li­té mais seule­ment dans une cer­taine ré­gion et dans une cer­taine me­sure. D’autres n’ont au­cun sens, c’est juste pour la rime, comme Noël au bal­con, Pâques au ti­son. C’est l’in­verse une fois sur deux. Ça n’a pas de sens du tout.

Les dic­tons, Mé­téo France ne s’en oc­cupe pas. Ce­pen­dant cer­tains, quand ils sont ba­sés sur l’ob­ser­va­tion, peuvent avoir une cer­taine réa­li­té mais seule­ment dans une cer­taine ré­gion et dans une cer­taine me­sure. D’autres n’ont au­cun sens, c’est juste pour la rime, comme Noël au bal­con, Pâques au ti­son. C’est l’in­verse une fois sur deux. Ça n’a pas de sens du tout.

Et les saints de Glace ? Sta­tis­ti­que­ment, sou­vent après la pé­riode des saints de glace en mai, les ge­lées dis­pa­raissent. Mais c’est un re­père sta­tis­tique pour les cultures. Les culti­va­teurs, par l’ob­ser­va­tion, ont re­mar­qué qu’il y a moins de chance d’avoir des ge­lées, chaque an­née, après la Saint-Ma­mert, la SaintPan­crace et la Saint-Ser­vais, tra­di­tion­nel­le­ment cé­lé­brées les ,  et  mai de chaque an­née.

Les bul­le­tins mé­téo ont-ils fait dis­pa­raître les dic­tons ?

Les dic­tons étaient ba­sés sur l’ob­ser­va­tion des gens, à une époque où il n’y avait pas de bul­le­tin mé­téo. Et c’était dé­jà bien. Ils ob­ser­vaient par exemple les nuages. Or, on sait qu’avec un cer­tain type de nuage, on peut avoir de la pluie. C’est le cas avec le cir­ro­stra­tus. C’est un nuage fait de glace, éle­vé et éta­lé, qui couvre le ciel. Quand la lune ou le so­leil sont der­rière, ce­la fait un ha­lo au­tour. Et en ef­fet, ce­la peut an­non­cer l’ar­ri­vée d’une per­tur­ba­tion avec des pluies. Mais ce­la n’est pas vrai par­tout. C’est sou­vent faux sur Aix-enP­ro­vence par exemple. Tout dé­pend d’où ar­rive la pluie, ou s’il y a des re­liefs, qui vont ar­rê­ter les nuages, etc. Ce­la peut être des gros signaux, mais on ne peut pas faire de pré­vi­sions avec ça.

Le chan­ge­ment climatique a-t-il une in­fluence ?

Les dic­tons vont chan­ger si l’ob­ser­va­tion change, mais comme ils sont faux pour les /... Ils vont peut-être évo­luer ou s’ap­pli­quer à d’autres lieux. Après il y a les su­per­sti­tions. Le risque pour la science, c’est qu’il y a un re­tour aux croyances, qui font le lit du cli­ma­to-scep­ti­cisme. Le pre­mier but de Mé­téo France, c’est la pro­tec­tion des per­sonnes et des biens. Il faut dis­tin­guer les pré­vi­sions pour les quinze jours, les pré­vi­sions sai­son­nières et les pro­jec­tions pour les pro­chains siècles.

Com­ment sont faites les pré­vi­sions ?

Pour faire des pré­vi­sions mé­téo, on a be­soin d’un maxi­mum de don­nées ob­ser­vées sur la sur­face de la Terre, et dans l’at­mo­sphère, pour par­tir d’un état ini­tial, c’es­tà-dire qu’il faut sa­voir où sont les nuages, où est-ce qu’il pleut, com­ment est le vent, quel est le taux d’hu­mi­di­té... ? Les quatre pa­ra­mètres prin­ci­paux sont pres­sion, tem­pé­ra­ture, hu­mi­di­té, vent. Après, il y en a beau­coup d’autres. Cet état ini­tial est me­su­ré en conti­nu, grâce à des ins­tru­ments au sol et aux sa­tel­lites. En­suite, des di­zaines de mil­liers de lignes de codes in­for­ma­tiques, tra­duisent des équa­tions de mé­ca­nique des fluides et des dif­fé­rents pro­ces­sus phy­siques. Mé­téo France dis­pose pour ce­la d’un su­per­cal­cu­la­teur à Tou­louse. Il fait des mil­lions de milliards d’opé­ra­tions à la se­conde. Tout ce­la est in­gur­gi­té. En­suite, les mo­dèles de si­mu­la­tion de l’at­mo­sphère tournent quatre fois par jour, et sortent des pré­vi­sions de pres­sion, tem­pé­ra­ture, hu­mi­di­té, vent et plein d’autres pa­ra­mètres évi­dem­ment. Et là, nos pré­vi­sion­nistes les ana­lysent.

Pour faire des pré­vi­sions mé­téo, on a be­soin d’un maxi­mum de don­nées ob­ser­vées sur la sur­face de la Terre, et dans l’at­mo­sphère, pour par­tir d’un état ini­tial, c’es­tà-dire qu’il faut sa­voir où sont les nuages, où est-ce qu’il pleut, com­ment est le vent, quel est le taux d’hu­mi­di­té... ? Les quatre pa­ra­mètres prin­ci­paux sont pres­sion, tem­pé­ra­ture, hu­mi­di­té, vent. Après, il y en a beau­coup d’autres. Cet état ini­tial est me­su­ré en conti­nu, grâce à des ins­tru­ments au sol et aux sa­tel­lites. En­suite, des di­zaines de mil­liers de lignes de codes in­for­ma­tiques, tra­duisent des équa­tions de mé­ca­nique des fluides et des dif­fé­rents pro­ces­sus phy­siques. Mé­téo France dis­pose pour ce­la d’un su­per­cal­cu­la­teur à Tou­louse. Il fait des mil­lions de milliards d’opé­ra­tions à la se­conde. Tout ce­la est in­gur­gi­té. En­suite, les mo­dèles de si­mu­la­tion de l’at­mo­sphère tournent quatre fois par jour, et sortent des pré­vi­sions de pres­sion, tem­pé­ra­ture, hu­mi­di­té, vent et plein d’autres pa­ra­mètres évi­dem­ment. Et là, nos pré­vi­sion­nistes les ana­lysent.

Rien à voir avec la gre­nouille, pour­tant les pré­vi­sions sont par­fois fausses ?

La gre­nouille ce­la n’a au­cun sens. Il est par­fois dif­fi­cile de com­prendre com­ment on peut faire des pro­jec­tions d’ici la fin du siècle, alors que l’on peut se trom­per sur les pré­vi­sions à quinze jours. La mé­téo, c’est quelque chose de très scien­ti­fique, qui n’est pas tou­jours exact à cause du chaos, qui a une part d’in­cer­ti­tude. Le chaos est in­hé­rent à la mé­téo­ro­lo­gie. Celle-ci peut gé­né­rer l’ef­fet pa­pillon, qui fait qu’une pe­tite va­ria­tion de pa­ra­mètre peut avoir un ef­fet dans une autre ré­gion ou à l’autre bout du monde, créer un cy­clone par exemple. Tout ce qui est dicton ou croyances po­pu­laires, en gé­né­ral c’est faux.

La gre­nouille ce­la n’a au­cun sens. Il est par­fois dif­fi­cile de com­prendre com­ment on peut faire des pro­jec­tions d’ici la fin du siècle, alors que l’on peut se trom­per sur les pré­vi­sions à quinze jours. La mé­téo, c’est quelque chose de très scien­ti­fique, qui n’est pas tou­jours exact à cause du chaos, qui a une part d’in­cer­ti­tude. Le chaos est in­hé­rent à la mé­téo­ro­lo­gie. Celle-ci peut gé­né­rer l’ef­fet pa­pillon, qui fait qu’une pe­tite va­ria­tion de pa­ra­mètre peut avoir un ef­fet dans une autre ré­gion ou à l’autre bout du monde, créer un cy­clone par exemple. Tout ce qui est dicton ou croyances po­pu­laires, en gé­né­ral c’est faux.

Que faire contre ce chaos ?

On sait de mieux en mieux éva­luer ce chaos. Il est in­hé­rent à la mé­téo­ro­lo­gie. L’at­mo­sphère est un fluide ga­zeux, et comme tous les fluides, il ré­pond à des équa­tions, qui ont une par­tie chao­tique, donc d’in­cer­ti­tude. À la base, la mé­téo­ro­lo­gie, ce sont des équa­tions, des maths et de la phy­sique. En fait, l’état ini­tial n’est pas par­fait, car même si on a beau­coup de don­nées, on ne peut pas en avoir sur chaque mil­li­mètre de la pla­nète. Or une pe­tite va­ria­tion d’un pa­ra­mètre peut avoir de grandes consé­quences ailleurs.

D’où les taux de pro­ba­bi­li­té ? C’est pour ce­la qu’à par­tir du troi­sième jour de pré­vi­sion, on va com­men­cer à faire les ten­dances en di­sant qu’on a un in­dice /, /… C’est qu’en fait on a fait tour­ner le mo­dèle une cin­quan­taine de fois en fai­sant va­rier les condi­tions ini­tiales, pour sa­voir si c’est stable ou pas. Si le mo­dèle en fai­sant va­rier un tout pe­tit peu les condi­tions ini­tiales donne tou­jours la même chose – par exemple qu’il dit tou­jours qu’il y a un an­ti­cy­clone sur nous – ce­la veut dire qu’on peut avoir une bonne confiance sur les pré­vi­sions de la se­maine pro­chaine. Si au contraire, un coup il met grand so­leil et un coup il met dé­pres­sion, c’est qu’il y a plus d’in­cer­ti­tude et que cette pe­tite va­ria­tion ini­tiale pro­voque une va­ria­tion as­sez im­por­tante. Donc pour quan­ti­fier ce­la, on va mettre un faible in­dice de confiance.

D’où les taux de pro­ba­bi­li­té ? C’est pour ce­la qu’à par­tir du troi­sième jour de pré­vi­sion, on va com­men­cer à faire les ten­dances en di­sant qu’on a un in­dice /, /… C’est qu’en fait on a fait tour­ner le mo­dèle une cin­quan­taine de fois en fai­sant va­rier les condi­tions ini­tiales, pour sa­voir si c’est stable ou pas. Si le mo­dèle en fai­sant va­rier un tout pe­tit peu les condi­tions ini­tiales donne tou­jours la même chose – par exemple qu’il dit tou­jours qu’il y a un an­ti­cy­clone sur nous – ce­la veut dire qu’on peut avoir une bonne confiance sur les pré­vi­sions de la se­maine pro­chaine. Si au contraire, un coup il met grand so­leil et un coup il met dé­pres­sion, c’est qu’il y a plus d’in­cer­ti­tude et que cette pe­tite va­ria­tion ini­tiale pro­voque une va­ria­tion as­sez im­por­tante. Donc pour quan­ti­fier ce­la, on va mettre un faible in­dice de confiance.

Com­ment pré­voyez-vous le cli­mat sur cent ans ?

De­puis le dé­but du GIEC, Groupe d’ex­perts in­ter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du cli­mat, des mo­dé­li­sa­tions sont faites. Ce sont des mo­dèles de cli­mat. Mé­téo France a le sien. Il n’a rien à voir avec le mo­dèle, qui per­met de faire les pré­vi­sions mé­téo jus­qu’à dix-quinze jours ou les pré­vi­sions sai­son­nières. Pour faire une pro­jec­tion climatique sur les cent pro­chaines an­nées, un mo­dèle climatique tourne sur le su­per­cal­cu­la­teur pen­dant plu­sieurs se­maines. Il in­tègre un mo­dèle d’at­mo­sphère, un mo­dèle d’océan, un mo­dèle de ri­vière, de glace, de bio­sphère, de chi­mie atmo­sphé­rique – com­ment le di­oxyde de car­bone est re­lâ­ché par cer­tains élé­ments ou ab­sor­bé par les océans...

De­puis le dé­but du GIEC, Groupe d’ex­perts in­ter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du cli­mat, des mo­dé­li­sa­tions sont faites. Ce sont des mo­dèles de cli­mat. Mé­téo France a le sien. Il n’a rien à voir avec le mo­dèle, qui per­met de faire les pré­vi­sions mé­téo jus­qu’à dix-quinze jours ou les pré­vi­sions sai­son­nières. Pour faire une pro­jec­tion climatique sur les cent pro­chaines an­nées, un mo­dèle climatique tourne sur le su­per­cal­cu­la­teur pen­dant plu­sieurs se­maines. Il in­tègre un mo­dèle d’at­mo­sphère, un mo­dèle d’océan, un mo­dèle de ri­vière, de glace, de bio­sphère, de chi­mie atmo­sphé­rique – com­ment le di­oxyde de car­bone est re­lâ­ché par cer­tains élé­ments ou ab­sor­bé par les océans...

Le chaos est in­hé­rent à la mé­téo­ro­lo­gie

Cons­ta­tez-vous le chan­ge­ment climatique dans vos pré­vi­sions ? Le mo­dèle de pré­vi­sions à dix­quinze jours en tient compte, puis­qu’il part d’un état ini­tial, don­né par les sa­tel­lites et les sta­tions au sol et donc il prend l’état réel, à l’ins­tant T. Mais quand on ob­serve par exemple une vague de cha­leur, là on se pose la ques­tion : « Est-ce que l’on au­rait pu voir cette vague de cha­leur, si l’on n’avait pas de ré­chauf­fe­ment climatique ? » Mé­téo France par­ti­cipe à des études, per­met­tant d’éva­luer l’oc­cur­rence de l’avoir avec ou sans chan­ge­ment climatique. Le fait d’ob­ser­ver tous les étés des vagues de cha­leur per­met de pen­ser que c’est un signe du ré­chauf­fe­ment climatique.

Cons­ta­tez-vous le chan­ge­ment climatique dans vos pré­vi­sions ? Le mo­dèle de pré­vi­sions à dix­ quinze jours en tient compte, puis­qu’il part d’un état ini­tial, don­né par les sa­tel­lites et les sta­tions au sol et donc il prend l’état réel, à l’ins­tant T. Mais quand on ob­serve par exemple une vague de cha­leur, là on se pose la ques­tion : « Est-ce que l’on au­rait pu voir cette vague de cha­leur, si l’on n’avait pas de ré­chauf­fe­ment climatique ? » Mé­téo France par­ti­cipe à des études, per­met­tant d’éva­luer l’oc­cur­rence de l’avoir avec ou sans chan­ge­ment climatique. Le fait d’ob­ser­ver tous les étés des vagues de cha­leur per­met de pen­ser que c’est un signe du ré­chauf­fe­ment climatique.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ignore la valeur des ingénieurs - res - de Météo France mais elle ne doit pas voler bien haut. En effet, suivant les prévisions sur le Canton depuis 25 ans ( y compris du temps du minitel), je constate qu'en dépit des gros investissements de cette boutique avec nos impots, les réalités se révèlent de plus en plus divergentes avec les prévisions. Dernière fumisterie : ce mardi qui devait être un jour de déluge n 'a accouché qu'une pisse de chien . Et c'est de plus en plus faux chaque année, comparativement à 20 ans en arrière. Bien la peine de payer des impots pour cela.

Anonyme a dit…

la prévision météo fonctionne à partir de modèles mathématiques dont la fiabilité repose sur l'expérience.
vous constatez que les modèles ne fonctionnent pas très bien en ce moment, vous pouvez regretter vos impôts, mais peut être aussi vous demander si nous ne sommes pas confrontés à une situation inédite de variation rapide de notre climat ...
avec des conséquences beaucoup plus couteuses que le servide météo.

Anonyme a dit…

Météo : Science inexacte que l'on essaie de comprendre plus ou moins bien

Anonyme a dit…

Ce que je reproche ce ne sont pas les aléas climatiques mais le fait que les "prévisions" se révèlent de plus en plus fausses, malgré de très gros investissements. Et, oui, je regrette alors mes impots, contrairement à ceux qui n'en paient jamais (pas nécessairement les plus pauvres..et je parie que vous en connaissez).

Anonyme a dit…

Bien d’accord avec vous ,sur tout .